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If you fail to prepare, prepare to fail

 

A 45 ans ans sonnés, j’ai pu constater à maintes reprises à quel point cet adage est vrai.

Quand je prends le départ d’une course sans entrainement digne de ce nom, je sais à quoi je m’expose. Pareil au travail. Un workshop avec des clients préparé à la dernière minute se solde rarement par un franc succès.

C’est la raison pour laquelle je passe parfois des heures à peaufiner une présentation de 20 slides. Etant plutôt critique avec les présentations bâclées de certains de mes collègues, je cherche les messages clés, synthétiques, le visuel, les transitions, la synthèse, les mots justes qui ne me viennent pas forcément naturellement en anglais qui est la langue de travail dans ma société.

Hier c’était le passage de grade au karaté. Un club très sympa dans lequel je prends beaucoup de plaisir depuis presque 3 ans. Difficile pour Patrick, notre sensei  de faire évoluer chacun car les niveaux sont très hétérogènes mais il y parvient à chaque cours et 2 fois par an en moyenne nous changeons de couleur de ceinture, heureux comme des gamins qui « gagnent » la 1ere ou la 2e étoile au ski.

Ceintures blanche, jaune, orange, verte, bleue, marron 3e kyu, marron 2e kyu, marron 1er kyu sont décernées au sein du club par Patrick et un jury composé de 3 ou 4 ceintures noires. Pour la ceinture noire, le passage de grade se fait hors club devant un jury officiel.

Ce  passage de grade plutôt familial m’a toujours un peu déstabilisé. Il valide à la fois les capacités acquises au fil des entrainements mais aussi  des « démonstrations » le jour J de ce qui a été enseigné et retenu. L’investissement et la régularité comptent mais il faut également être capable de restituer des katas par exemples.

Je fais de la danse et de la batterie depuis des années. Ma coordination est plutôt bonne,  ma mémoire aussi fiable qu’elle puisse l’être à mon âge. A priori retenir 5 ou 6 katas devrait donc être dans mes cordes mais j’ai du mal. Nous les travaillons très peu (manque de temps) et je n’ai pas le déclic de certains qui me disent « c’est facile, le déplacement est en forme de croix, tu tournes à 270 degrés ou 90 ou 45, un bras en l’air puis en bas, la main ouverte, fermée, un petit saut, les poings sur les hanches….etc

Je mélange un peu tout, les termes japonais, les katas et  n’en retiens aucun vraiment. Les videos sur le net étant plutôt disparates,  je préfère m’en tenir au cours, les quelques fois où nous les travaillons. Mais je sais que ce ne sont pas des bases solides.

J’ai donc fait un gros gloubi boulga hier soir pendant le passage de grade au moment de réaliser les katas devant tout le monde. J’avais géré correctement la première partie de la séance. Je ne pensais pas que nous devrions tous les faire (il faudrait les connaitre tous idéalement).  Pinan Nidan, Pinan, Shodan, Pinan Godan….etc… sont devenus Pinan portenawak en ce qui me concerne. Je n’arrivais même plus à les annoncer (petite voix tremblotante pathétique, larmes aux yeux). Un grand moment de solitude malgré la présence finalement bienveillante de tous les membres du club.

J’étais la seule ceinture bleue et quand Patrick m’a appelée pour mon kata que je n’avais vu qu’une fois en cours, 2h avant avec Matthias j’ai demandé un joker. Matthias est venu à la rescousse (ceinture noire 2e Dan, humble, super pédagogue et sympa – hallelujah – j’ai essayé de l’imiter autant que possible et de ne penser qu’à ça). Tout le monde nous a rejoints. Nous avons tous fait le kata 2 fois. Le jury a délibéré. J’avais très envie de partir en courant, pieds nus  dans mon karate-gi mais je me suis positionnée sur la ligne comme tout le monde. J’ai été recalée en douceur « maintien en ceinture bleue » et j’ai pu me rhabiller vite fait et me sauver aussi poliment que possible. Mathias m’a fait un petit signe et chaque fois que je repense à tout ça j’ai envie d’éclater en sanglots.

J’ai crié dans ma voiture. Ca m’a fait mal aux oreilles. J’ai pleuré dans mon lit. Ca m’a finalement endormie.

La médaille, la ceinture, la consécration, on s’en fout finalement. Ca fait plaisir mais je ne cours pas après les podiums ou la gloire ou une couleur de ceinture.

J’ai juste détesté être mal préparée  et m’être laissée submerger par des émotions complètement disproportionnées.

J’ai ressenti ce que ressentirait un geek qui apprendrait des passes basiques de Salsa méthodiquement et à qui on demanderait d’exécuter plusieurs enchainements plus sophistiqués de quelques minutes mal maitrisés, devant un jury de danseurs confirmés. Difficile d’être gracieux quand on connait mal les pas. Difficile d’être crédible, ancré et convainquant quand on exécute un kata comme un zombie.

Je n’ai pas de pistes d’améliorations pour la prochaine fois (apprendre les katas sur Internet comme une mauvaise chorégraphie ? Bof).

Je vais peut-être arrêter le karaté tradi et ses katas et m’en tenir au cours du samedi, plus pragmatique. Ou me lancer à corps perdu dans la danse.  Ou pas (!)

Pas envie de rester dans une zone de confort ni de baisser les bras. Mais si je m’effondre pour une petite ceinture marron 3e kyu ratée et quelques minutes de ridicule, ce monde n’est peut-être pas fait pour moi.

Food for thought comme ils disent….quelques nuits de sommeil devraient porter conseil  😀

 

 


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Water Polo Paula?

Water Polo

Ce soir c’était Water Polo pour les ados au club. En principe, c’est le cas chaque mardi qui précède les vacances scolaires et ces soirs là tout le monde vient 🙂

Quand le coach a crié de loin « vous les 2, vous pouvez nager dans la ligne d’eau » en désignant une amie et moi, j’ai fait des bonds ! « Il nous prend pour des ménagères de moins de 50 ans ou quoi ? Il a raison, mais ce n’est pas parce que nous sommes 3 adultes au milieu de 25 ados qu’il faut nous empêcher de jouer !! » Le 3e adulte (un homme) a fini de convaincre mon amie et nous voilà tous dans la piscine, l’équipe des “bonnets” dont je fais partie avec Auriane et l’équipe des « sans bonnet ».

Ca commence très fort, des gars se coulent dans de grosses éclaboussures, le ballon jaillit, une passe, une 2e et …but !!! Sifflet de l’arbitre (le coach donc, c’est un petit club et ce n’est pas exactement une rencontre internationale). L’arbitre refuse le but et explique qu’il faut que le ballon passe par une fille au moins une fois pour que le but soit validé. Les gars piaffent 3 secondes et le jeu reprend de plus belle. Je réalise que tous ceux de mon équipe sont en attaque et que je suis la seule en défense, cernée de « sans bonnets » Inévitablement quand le ballon revient vers nous je me sens comme une passoire percée avec des bras trop petits et des jambes qui pédalent vainement. But pour les « Sans Bonnet ».  Je sors de mon corps de fille douce et civilisée pour houspiller un poil ceux de mon équipe qui ne sont pas redescendus en attaque. Un gros costaud d’au moins 16 ans me dit « c’est bon, allez en attaque, je reste là ».  Je ne demande pas mon reste, ayant vite capté que mes potentielles défaillances en attaque seront moins visibles qu’en défense. J’opte pour un compromis entre le milieu et l’avant et j’essaie de me démarquer un maximum. Auriane fait de même et fait transiter quelques ballons. But pour nous ! Pffruit ! Refusé ! La règle a changé, il faut maintenant que le ballon passe par 3 filles avant chaque but. J’ai dû le toucher 2 fois en 20mn. Pourtant je lève les bras, je crie d’un ton super convaincant « Là ! » Pas assez fort apparemment. Du coup, je m’amuse à faire semblant de jouer, tout en gérant l’effort, un peu de rétropédalage, des bras et des abdos pour garder des appuis, quelques secondes sur le dos après un but pour récupérer . La dernière fois, j’étais sortie carbonisée donc c’est intéressant d’apprendre à gérer l’effort.

Je réalise soudain à quel point c’est ridicule de devoir imposer de telles règles pour que les filles aient une chance de toucher un ballon. J’essaie d’être objective, est-ce une fatalité ? Sommes-nous toutes nulles en water polo? J’observe. Moins brusques pour la plupart, mais plus tactiques, plus collectives. Une chose est sûre, c’est que c’est un cercle vicieux. Une fille à qui on ne passe jamais le ballon ne peut pas progresser… Je me ferais bien un petit ado testostéroné pour la peine (sous entendu, je le ferais bien couler ou lui enverrais bien un coup dans la tronche par inadvertance). Mais oops, où avais-je la tête, je suis une ménagère de moins de 50 ans, ça ne se fait pas (!)

Les Bonnets ont gagné.

Les filles ont perdu quelques années d’avancée féministe dans la bataille.

Auriane et moi étions les seules à nous insurger visiblement. Ben oui quoi, dans un bassin avec un bonnet sur la tête et des cages, on a juste envie de jouer.. avec tout le monde 🙂