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Victor il a vomi!

 

Mercredi 14 mars – une journée au ski club

 

J’ai posé ma journée au dernier moment pour donner un coup de main car niveau encadrement c’est carrément juste depuis que les mercredis sont de nouveau libérés. Trouver des bénévoles le mercredi et le samedi pendant 3 mois c’est chaud…

Nous sommes finalement 4 pour 18 enfants + 1 adulte qui joue volontiers le serre-file donc ça devrait bien se passer.

Au fil de la saison, les parents se sont détendus. Plus de maman à la gorge serrée qui secoue la main en voyant le bus partir comme si on emmenait son pitchoune à l’échafaud…

Je passe dans les rangs pour faire retirer les anoraks. Les gosses ne sont pas fous, ils ont bien senti qu’il faisait presque aussi froid dans le bus que dehors – tactique du chauffeur pour limiter les renvois de petit déjeuner…

Je discute un peu avec Jean le Président du club qui me raconte le stage de ski en Italie, avec une température moyenne de -14 degrés mais de belles conditions.

Je lance « les grandes grandes vacances » un DVD plutôt sympa apporté par Gabriel – un dessin animé qui aborde plein d’aspects de la 2e guerre mondiale, à la fois ludique et pédagogique. Je m’endors au bout de 5mn.

C’est Valentino qui me sort des bras de morphée en hurlant « Victor il a vomi ! »

Miséricorde, on y a droit à chaque fois….sauf que le brave Victor a eu la brillante idée de vomir dans un sac….ouf !

Ce matin j’ai le groupe des ‘Préparation 1ère étoile’. 7 gamins de 5 à 8 ans, tous dégrossis. Ca devrait être sympa ! L’équipement se fait en douceur. On enfile les dossards jaunes « ski Club Roquefort-les-Pins » . J’aide à serrer quelques chaussures et nous voilà sur le front de neige. Il a neigé la veille, le soleil brille, je me dis qu’on a vraiment de la chance mais….que se passe-t-il….Alex pleure à chaudes larmes, tellement fort que les larmes giclent de ses joues comme dans les bandes dessinées.

« – Qu’est-ce qui t’arrive Loulou ?

  • Jeeee suis pas dans le même groupe que Clara…et c’est mmmmma cooopine ! »

Après vérification des niveaux, on ‘upgrade’ Alex en prépa 2e étoile et les larmes sèchent instantanément.

Matinée sympa à enchainer les virages, les bosses, l’arrêt d’urgence, un peu de dérapage, le pas de patineur. Le groupe est assez homogène. Personne ne tombe du télésiège ni dans un ravin. Tout le monde a bien compris la position du schuss, à part Enzo qui a le nez dans ses chaussures et les bâtons vers le ciel, mais rien à faire, il fait l’œuf à sa façon et descend plutôt vite quand même.

Sur le télésiège, Clément s’exclame :

« – Oh, des moto-neiges ! Moi j’y suis y’allé en Laponie et j’ai fait de la moto-neige mais y zétaient plus gros que ceux-là et il avait de la neige qui tenait sur les sapins, et j’ai vu le Père Noel. Mais j’ai vomi »

  • Tu as vomi dehors ou dedans ? » demande Emilie
  • Dehors
  • Dans quelle pièce » interroge Emilie captivée par cette histoire de vomi
  • Dans la chambre »

« Moi j’y suis jamais y’allé en Laponie» intervient Luca – «C’est tomme Disneyland Paris ? ou c’est tomme Luna Park ?

  • On dit pas tomme, on dit COMME » intervient Emilie
  • Ben c’est pas de ma faute tant même – j ai un défaut de prononciation »

Fin de la discussion décousue car on arrive en haut du télésiège. C’est l’heure du déjeuner – Frites – nuggets – ketchup – mayo pour les enfants !!! On mangera Bio demain…

Indivia a trop chaud dans son déguisement de licorne mais ne veut l’enlever pour rien au monde.

Valentino a encore traumatisé un gamin d’un autre club en lui faisant manger de la neige. Une responsable me fonce dessus furibarde :

« c’est à vous ça ? » gronde-t-elle en désignant Valentino.

« Vos jaunes ont encore embêté nos bleus ! Regardez, Axel là- bas il pleure maintenant ! »

Axel-la victime-en-dossard-bleu est en effet prostré dans un coin. Je demande à Valentino de s’excuser et on file pendant que la mégère continue à vociférer. Un gars de son club me fait un clin d’œil :

« vous inquiétez-pas, elle est aigrie celle-là »

Merci mec, j’avais cru comprendre en effet.

A 14h, on groupe les mômes par niveaux et on les confie à l’ESF pour 2h de cours afin qu’ils les évaluent et les préparent au passage des étoiles planifié la semaine prochaine. Ils nous les rendent à 16h en faisant le moue :

« c’est très juste hein, y’a encore du boulot »

Même son de cloche des 4 bonhommes en rouge pour les 4 groupes, y compris pour les + grands qui ont déjà eu l’étoile d’Or il y a 2 ans….et qui ne l’ont pas dit juste pour rire…

Désopilant! On sait qu’ils en donneront quand même des étoiles, voire un peu plus du fait d’avoir été consultés au préalable. Alors tant pis si ça coute un peu de sous au Club…

Pendant ce temps, on a skié entre adultes, quelques belles pistes pour se mettre en jambes, quelques hors-pistes et une noire non damée pour finir. Les jambes en feu mais de très bonnes sensations.

Le retour au bus est laborieux. Manon et Clément sont cuits. Ils peinent à porter leur matériel et trainent les pieds comme des zombies. Comme ils ne se plaignent pas et qu’ils ont été exemplaires toute la journée, je les déleste de leurs skis et je me fais 2 grands copains reconnaissants.

Je m’endors comme un bébé dans le bus après avoir mis Angry Birds cette fois. Sieste de courte durée car cette fois c’est Gabriel qui hurle : « Y’a Antoine qui pisse le sang » Juste un saignement de nez heureusement.

Encore une belle journée. Au moment de retrouver les parents, la petite Emilie de 5 ans qui a géré son matos et les virages comme une pro s’accroche à ma jambe et ne veut pas me quitter….

C’est dingue comme ils sont attachants ces gosses. Vivement la saison prochaine. Je passerais bien tous mes mercredis au ski avec eux moi…. Même si je dois nettoyer des « vomitos » et faire le chapeau pointu pendant des heures…

 

 


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Rêve de Raid

 

 Prologue

Tout est parti de Mumu, à l’aube de ses 50 ans qui nous dit un jour dans les vestiaires qu’elle risquait de se terrer pendant une semaine pour passer le cap.

Cécile venait d’avoir 40 ans et de mon côté, j’appréhendais le nid vide qui se profilait quelques mois plus tard.

L’idée de faire un Raid à 3 a germé. Amazones d’abord, puis Alizés, plus abordable et plus root.

Nous n’avons pas eu besoin de chercher une association. J’avais rejoint Laurette Fugain en 2005 et je courais déjà en violet depuis plusieurs années.

Les sponsors ne se bousculant pas au portillon, nous avons organisé des événements et partagé des cagnottes en ligne.

L’entrainement Trail, nous l’avions, l’entrainement VTT et Kayac pas vraiment.

En aout 2017, nous avons pu nous inscrire au Raid des Alizés après 2 ans de projet « 50 Nuances de Violet », un compte, une association, un site, une page FB, un vide-grenier, 2 concerts, une soirée Carnaval, une soirée Disco, un événement slackline, un tournoi de foot, des centaines de hot-dogs vendus !!

Un projet chronophage… mais riche en rencontres et en expériences nouvelles

#supermum#sportive#jemelancedanslevenementiel#peurenvtt#yapasdekayacpour3

#nepasnegligerlesmaris#revederaid#laurettefugain#50nuancesdeviolet#mrgrey

#mercileszamis

 

1 mois avant

1 mois avant le Raid, toutes les futures participantes sont invitées à rejoindre la Page FB Inside du Raid.

Belle montée en puissance de l’excitation grâce à Steve Kundo, l’ambianceur et Christophe Assailly, le directeur technique, ancien parachustiste et traileur de haut niveau qui distillent des informations et répondent (ou pas) aux 12000 questions des filles :

  • Chaussures de randonnée hautes absolument ? Pourquoi ?
  • Boussole obligatoire ?
  • Quels types de ravitos ?
  • Prises pour recharger les téléphones et les montres ?
  • Sêche-cheveux ? lol
  • Bivouac itinérant ?
  • Matériel fourni pour réparer les VTT ?

Les filles se dévoilent au fur et à mesure et exorcisent leurs angoisses … jamais changé de chambre à air, peur des moustiques et des puces des sables, peur de ne pas tout faire rentrer dans le gros sac rose qui nous a été envoyé par la poste, inquiétude quant au réveil matinal prévu à 5h ….

Nous choisissons toutes une musique qui sera notre musique d’équipe, Figure it Out de Royal Blood pour 50 Nuances de Violet, équipe 58.

Le compte à rebours est lancé.

Deux futures participantes se blessent à une semaine du départ et pour la première fois de ma vie, je me mets en mode ‘veille’. Ce serait vraiment trop con de ne pas pouvoir partir après tous les efforts fournis. Je regarde mes pieds dans les escaliers, je n’écris plus de SMS en marchant, je fais mon dernier footing sur la route pour ne pas me prendre les pieds dans des racines. Au karaté je me mets hors distance pour éviter de me casser le nez, les dents ou de me retourner les doigts comme en 2015.

J’ai hâte d’y être et d’en découdre !!!

 

Nice-Paris-Fort de France

Lundi 13 novembre

Les sacs sont prêts – je refais le mien à 6h du matin parce qu’il est trop plein et que je risque de galérer pour tout faire rentrer quand tout sera en boule, sale et mouillé…

Après avoir tout vidé dans le couloir, j’enlève … un tee-shirt ! 100g de moins dans le sac – magnifique… Tout le reste c’est du matériel obligatoire : duvet, matelas gonflable, chaussures de randos, 2 paires de chaussures de trail, frontale, camel back, trousse à pharmacie, trousse de toilette, vêtements courts et longs (à cause des moustiques), tenue blanche pour la soirée de clôture, serviettes de toilette, aspic venin…du chocolat milka aux noisettes pour les coups de mou.

La journée de boulot défile comme dans un rêve. Nous prenons un verre à l’aéroport de Nice en attendant la navette. Petit diner à l’Ibis d’Orly sud et première nuit à 3. Nous debriefons sur nos petites manies ; Mumu est de mauvaise humeur au réveil, Cécile hyper matinale, moi plutôt tactile ( !) On convient de se faire un bisou chaque matin et on s’endort comme des bébés.

Nous avons RV à 10h au comptoir de Corsair. Des hordes de filles sont déjà là avec leurs sacs roses. Certaines ont fait floquer des sweats, des tee-shirts. Nous avons sorti les tee-shirts violets pour cette entrée dans l’arène. Des photographes et des cameramen nous suivent. Le début de la gloire ? Sur télé martinique peut-être…

170 alizés dans l’avion, l’ambiance est joyeuse. Nous regardons le 52mn de l’édition 2016. De la boue, de la sueur, des larmes….arghh….trop tard pour reculer !

L’arrivée à Fort De France est riche en sons et en couleurs – 30m de percussions pour nous accueillir et une foule en liesse. Un cocktail d’accueil (1er planteur !), des discours, puis l’arrivée au bivouac après un trajet en bus climatisé (20 degrés dans le bus – 35 dehors). 23h pour nous mais seulement 18h heure locale. Il fait déjà nuit quand nous descendons nos sacs vers les tentes. Et là, surprise, ça fait floc floc… le terrain est inondé … de boue. En quelques secondes, je pourris mon sac, mon jean, mes bottines jusqu’aux chevilles….. Rrrah, mon seul jean et mes seules chaussures civiles que je réservais pour la journée de Paris au retour…

On cale les sacs tant bien que mal sous le haut-vent de la tente, à genoux dans la boue. Le ton est donné. Nous allons faire un Raid et bivouaquer. Nous ne sommes pas des Barbie girls comme pouvaient le laisser supposer les sacs roses…

Nous assistons au 1er briefing assises par terre, fatiguées mais impatientes d’entrer dans l’action.

½ h de queue pour la douche, ¼ pour les douches communes, pas d’hésitation, nous nous ‘désapons’ collectivement pour gagner 15mn

Dans la tente il fait mega chaud, le duvet restera dans le sac pendant tout le séjour. Nous nous endormons malgré tout très vite. Demain le réveil est prévu à 5h….

J 1 – Acclimation

Mercredi 15 novembre

4h30 – Il fait encore nuit mais nous sommes toutes les 3 réveillées. Cécile est allée prendre une douche à 4h. On entend chuchoter puis parler dans les tentes à côté. On a entendu ronfler d’autres équipes que la 58 cette nuit ! L’avantage de se réveiller progressivement c’est que le choc est moins brutal quand Steve l’ambianceur balance la musique de Mission Impossible à fond les manettes à 5h du mat

Nous avons 2h pour nous préparer. Ca semble large mais avec l’inertie de groupe il faut bien ça. 222 nénettes  + toutes les personnes de l’orga qui passent aux sanisettes, c’est déjà tout un programme, d’autant que ce premier matin, on constate que beaucoup n’ont pas compris le principe de la pompe pour envoyer l’eau et le produit bleu. Du coup c’est bof … mais on finit par trouver une sanisette propre avec du papier – le luxe !

Le petit dej est sous forme de buffet – sympa et complet – il faut juste se battre pour le café car il y a une machine à Expresso – les jours suivants, ils mettront des thermos en quantité suffisante. On retourne dans notre bouillasse vers la tente pour se changer : pantalon de rando , tee-shirt Alizé (il est beau mais il a l’air chaud !), chèche rose et blanc, camel back, chaussures de rando montantes, sac de change pour ne pas pourrir le bus après l’épreuve, 3 auto-collants par filles  avec le numéro d’équipe et 6 avec nos sponsors- on les fixe avec des épingles à nourrice. On récupère des recharges nomades mais pas possible de recharger téléphone et montre Garmin avec une seule recharge. Je sacrifie la montre vu que cette journée est supposée être de l’acclimatation.

Dans l’équipe Despacito, ex athlètes de haut niveau en hand, basket et gym, 2 filles ont coupé les manches du tee-shirt Alizé. Une fille de l’orga leur dit que ce n’est pas une bonne idée pour la photo officielle mais tout le monde les envie car elles ont l’air bien à l’aise avec leurs échancrures !

On jette les sac roses de change dans un camion et on monte dans les bus.

Notre terrain de jeu pour cette acclimatation sera la base du GIGN, que nous rallions après avoir fait 2.5km de kayac. Au programme 2 épreuves :

  • un parcours aquatique avec des obstacles à escalader, des rouleaux sur lesquels il faut courir, une poutre, un mini rappel et une planche inclinée qu’il faut descendre le buste en avant sous peine de chute sur les fesses
  • un parcours chronométré dans la Mangrove en binôme. Nous nous rapprochons naturellement des Lianes avec lesquelles nous avons sympathisé dans l’avion.

Les départs sont donnés toutes les 3mn. C’est parti pour nous ! Petit footing aussi léger que possible avec les chaussures de rando et très vite nous arrivons dans une eau grisâtre qui pue atrocement. Des énormes bestioles courent sur le bord : on dirait des cafards géants. Allez, zou, il faut y aller. La progression dans l’eau est ralentie par la boue qui nous colle les pieds. J’essaie de rester sur l’avant du pied. C’est mieux. Nous franchissons une échelle de corde. Bonne entente avec les Lianes. et ambiance joyeuse. Nous rattrapons 2 équipes bloquées par une de leur co-équipière qui n’arrive pas à se hisser jusqu’à un boyau dans lequel il faut se laisser glisser. Christophe Assailly nous propose de doubler par le côté mais c’est inextricable à cause des lianes et du bois enchevêtrés. Nous décidons d’aider la fille plutôt et hop, on la pousse dans le boyau tant bien que mal. Arrive le dernier passage un peu critique. Des filles nous ont prévenues que c’était vain d’essayer de marcher. Nous rampons littéralement dans la boue en essayant de ne pas ouvrir la bouche et c’est déjà la fin. Footing collectif à 6. Nous nous tapons dans les mains et nous dirigeons vers le parcours aquatique.

L’heure du déjeuner est libre – sous forme de buffet. Nous décidons de patauger d’abord ! Je discute un peu avec Christophe Pinna le directeur sportif de l’épreuve. Champion du monde de karaté, 6e Dan et originaire du 06 ! Il se révèle très abordable et très impliqué dans sa mission de coach. Il nous explique qu’il faut vraiment rentrer dans ces parcours pour mieux vivre la suite du Raid. Sur la planche inclinée, certaines filles hésitent à se jeter et descendent directement sur les fesses. D’autres tombent et perdent l’équilibre. C’est assez impressionnant vu de loin. Christophe nous incite à essayer le buste bien en avant, pour être bien préparées aux descentes de trail qui nous attendent les jours suivants.

Il fait super chaud . Nous prenons nos premiers coups de soleil (Mumu finira le visage brûlé au 2e degré à la fin du séjour). L’attente est longue. J’hésite car j’ai très envie d’essayer mais je me suis cassée 2 fois le coccys et j’ai peur de me ratatiner. Dilemme. Au fond de moi je sais que je vais tenter pour ne pas regretter. C’est la première épreuve du parcours aquatique. Nous sautons dans l’eau avec les Lianes, en tenue de rando, chaussures comprises et j’adore ce moment où je nage cote à côte avec Aurore, suivie des 4 autres filles. L’eau est bonne. C’est fun tout ça ! Mumu descend la planche en courant. Je pense me pencher en avant mais très vite je tombe sur les fesses, sur la fesse droite plus exactement donc je m’en tirerai avec un bon bleu mais le coccys est sauvé. Cécile descend en mode toboggan. Les autres obstacles sont plus cools sauf le dernier qui est une sorte de toit pentu qu’il faut escalader en se tenant à une corde, en mode rappel. C’est très glissant. Cécile essaie plusieurs fois et s’explose les tibias contre une barre métallique. Là c’est moi qui décide de lâcher l’affaire. C’est trop glissant et on termine en nageant tranquilou. On se change vite fait avant d’aller manger. Sauf que le retour se fait en kayac et qu’il va falloir se rechanger. Pas grave. Une 1ère journée plutôt fun mais quand même assez fatigante. Les choses sérieuses commencent demain ! Il va falloir mettre 4 fois plus d’écran total et bien dormir cette nuit… Douche intensive pour enlever les reliquats de Mangrove.

Briefing de 1h30 assises par terre – Des conseils, des encouragements, des photos marrantes de la journée. On ne sait plus quelle position adopter- on n’en pleut plus d’être par terre. Repas rapide et zou au dodo !! On n’a pas pensé à se faire des bisous. J’espère que demain on ne sera pas ridic….. Coma profond

 

J 2 – Trail-VTT-Kayac

Jeudi 16 novembre

J’ai oublié de prendre ma pilule hier soir ! Il est 4h30 du matin. L’oiseau Cécile s’ est déjà envolé de la tente. Du coup je prends sa place du milieu pour farfouiller à 4 pattes dans mon sac plein de boue que j’ai laissé sous le haut-vent.  Muriel dort toujours. Tétris pour essayer de retrouver ma Lee-Loo au milieu des 12 trousses et sachets plastiques par thème qui devaient me faciliter la vie mais dans lesquels je ne retrouve jamais rien ! Pas le moment de déconner, j’ai enchainé exprès 2 plaquettes pour ne pas être embêtée… C’est bon je l’ai ! Je l’avale sans eau et je laisse la plaquette sur mon matelas pour y penser ce soir. Aujourd’hui c’est la 1ère épreuve chronométrée mais je n’ai curieusement pas d’appréhension. Ils nous ont détaillé le programme au briefing hier soir : Trail, VTT, Trail et Kayac, pour un total de 23km. Je m’extirpe de la tente à la recherche de mes bottines de ville pleines de boue que j’ai laissées dehors et que j’enfile pieds nus avec un short et un tee-shirt – en mode woodstock ! Nous sommes en contre-bas du terrain, dans la partie la plus boueuse et hier, l’orga nous a disposé des cartons devant les tentes pour éponger un peu,  sur lesquels ils ont écrit «  rue de la paix » , «  rue du paradis »  ils ont de l’humour les bougres ! Les cartons sont déjà en miettes alors nous partons chercher des sacs poubelle en guise de paillasson… Je cherche la confiture au petit dej mais il n’y en a pas. Cécile aimerait du vrai pain qui tienne au corps mais il n’y a qu’une sorte de pain viennois – “qu’on leur donne de la brioche à ces gueux”, pardon ces Alizés (!)

C’est l’heure de préparer les sacs et de s’équiper. Nous avons depuis le 1er jour un bracelet avec un QR code au poignet (pour nous retrouver et télécharger notre fiche médicale en cas de pépin), le bracelet des alizés, une casquette que nous ne mettons pas même si elle est plutôt sympa car ça nous chauffe la tête, et toutes le même tee-shirt. Aujourd’hui, nous l’avons tailladé à coup de ciseaux avec Cécile pour virer les manches. Comme les ex-athlètes, ah ah !! J’hérite du chrono d’équipe qui s’enfile sur un doigt (le majeur puisqu’il est grand… le chrono) Je  devrai l’ initialiser auprès d’un couple de militaires (oups) et le faire biper à différents endroits du parcours.

On se brosse les dents vite fait mais c’est le seul ‘luxe’ en plus de la douche du soir. Exit le maquillage, les crèmes et tout le toutim. Steve l’ambianceur nous envoie du gros son depuis 5h du mat et nous rappelle qu’on n’est pas en vacances alors go go go, direction les bus.

Ca va démarrer et nous nous positionnons sans jouer des coudes, assez loin de l’arche du départ. On a 23km à parcourir donc pas la peine de se griller sur les premiers mètres.

C’est parti !!! 1.2 km de trail avec 200m de D+, et déjà on doit enchainer le VTT. Nous avons terminé 49e hier de l’épreuve de la Mangrove et les VTT sont jetés par équipe par terre,  par ordre d’arrivée donc un peu de pagaille avant  que chaque équipe retrouve son engin, d’autant que nous cru 2mn, que nous devions prendre les VTT numéro 49, mais en fait non, vu que notre équipe est la 58, bref….  On règle les casques et les selles et pfiou….ça monte de folie – tout le monde se met à pousser les vélos. Il fait une chaleur d’enfer et j’encourage une fille à la mine violacée qui me dit qu’elle a du mal à respirer. Je me prends les pédales dans les tibias. On pousse, on sue, ça grimpe. Puis on re-pédale. Je fais biper le chrono et on nous explique qu’il y a une portion neutralisée, qui ne comptera pas dans le temps total. Une descente sur la route, au milieu des voitures avec 20% de pente. Je freine trop et ma roue arrière chasse. Je préférais descendre dans la boue ! Fin de la portion neutralisée – Je rebipe et on enchaine 5km de trail. Quand nous arrivons sur la plage, je suis sidérée par le paysage. Je me sens l’âme de Bambi, je vole, je souris béatement. je ne sens même plus le poids de mes chaussures gorgées d’eau à force de courir sur le sable mouillé et dans la mer. . Cécile a un coup de mou car elle pensait qu’on enchainait le kayac  après la portion sur la plage mais Mumu lui montre le Morne Larcher qu’on doit grimper jusqu’ à Petite Anse avant de redescendre de l’autre côté. 400m de  D+  qui vont nous prendre assez longtemps. Cécile grimpe fort comme à son habitude mais Mumu a du mal à suivre. Cécile nous crie qu’elle monte à son rythme et nous attend plus loin. Je me situe entre les 2 à ce moment niveau cardio donc je décide de rester avec Mumu. On boit, on respire, on fait des pauses  et on attaque les rochers. L’équipe des ex- athlètes nous double. La 3e pousse la handballeuse qui semble au bout de sa vie. On les suit et la hanballeuse vacille et manque de tomber à la renverse. A 50m du sommet, elle s’écroule, les lèvres blanches et le teint cireux. Elle est consciente mais vraiment pas fraiche. On part chercher des secours mais sur la plateforme en haut, il n’y a que 2 filles qui nous disent « ah mais nous on est la Presse, il n’y a pas d’assistance ici » Elles préviennent quand même les secours qui mettront 2h30 à arriver et 4h30 à redescendre la fille en barquette. Il n’y a qu’un seul hélico en Martinique et il est réservé aux urgences vitales. Nous abordons la descente prudemment car c’est bien pentu et complètement à l’ombre donc hyper glissant. Quelques équipes nous doublent, plus à l’aise que nous  en descente. Une autre fille se déboitera le genou sur cette partie, pressée par ses ‘copines’ lui reprochant de ne pas descendre assez vite…

La plage enfin ! Il reste pas mal de bateaux c’est bon signe. Christophe Pinna nous encourage ! « C’est super les filles » . Il nous fait une petite accolade et ça nous rebooste –bon c’est vrai qu’il est torse nu et plutôt pas mal, mais trêve de plaisanterie, on est des machines de guerre et il nous reste l’épreuve de canoe !

Des jeunes nous aident à nous mettre à l’eau mais la mer est houleuse et le bateau se remplit. Nous le vidons plusieurs fois. Ma montre Garmin ne s’en remettra pas et vivra sa dernière journée à Morne Larcher… Après quelques minutes d’agitation, nous voilà enfin sur l’eau. 6km nous séparent de l’arrivée. La consigne est de passer entre les bouées jaunes et la côte. Nous sommes passablement fatiguées et comme hier, avons tendance à dévier vers la gauche – 3 droitières… Compenser en pagayant + fort à gauche nous explose le bras gauche. Comme je suis derrière, je décide donc plutôt  de barrer en dénageant, même si ça fait perdre un peu de vitesse. Cécile a mal aux trapèzes mais rame énergiquement. Mumu est un peu gênée au milieu d’autant que je lui donne un ou 2 coups de pagaie sur la tête par inadvertance. Nous avons les bras en feu alors je crie à Mumu qui crie à son tour à Cécile d’utiliser les obliques, le dos, les jambes. Cécile s’arrête quelques secondes. Mumu a la gerbe alors elle décide de continuer à ramer pour ne pas vomir et nous fait bien rire. Nous décidons d’adopter une cadence pas trop rapide en essayant de bien glisser et surtout d’aller droit et parvenons à doubler 4 bateaux. Incroyable !! Il y a du courant et c’est dur mais c’est le dernier effort de la journée alors on serre les dents. La vue de l’arrivée nous motive sur la fin. Il faut encore sortir le bateau de l’eau, enlever le chasuble Alizés et le gilet de sauvetage et courir sur la plage. Quand nous passons sous l’Arche, Steve envoie notre musique d’équipe et c’est très fort !!! 24e !

Joie – soulagement – maillot de bain – plouf – buffet – béatitude !

On n’a pas été ridicules… du tout,  et on a géré  ces 4h30 d’effort ensemble, plutôt dans la bonne humeur. C’est trop cool !!!!

 

                       

 

J 3 – Trail – Montagne pelée

Vendredi 17 novembre

Au menu aujourd’hui , un trail de 22km avec l’ascension de la Montagne pelée qui culmine à + de 1397m.

Après 2h de bus – nous sommes passées du Sud au Nord de l’Ile à l’heure des bouchons- , nous sommes sur la ligne de départ.  Il est 9h du matin – nous avons toutes fait une pause technique nimporte où, entre 2 voitures, devant des maisons, bref nous sommes prêtes.

La consigne était de prévoir un sac de rechange avec des vêtements chauds et k-way rose du Raid obligatoire dans le Camel Back. La montagne pelée ne voit le soleil que 10 jours par an. Sauf que là, il fait 37 degrés et il faut choisir entre se positionner pas trop mal sur le départ , c’est-à-dire en plein soleil ou se caler à l’ombre en attendant le GO. Christophe Pinna entame un long discours dont il a le secret. Hier soir au diner qu’il a partagé avec nous, c’était magique. Là, on a juste envie qu’il abrège car la chaleur est vraiment forte.  La barrière horaire nous a semblé raisonnable et nous savons que le trail est notre point fort donc nous aimerions ne pas faire de contre performance ce matin. Dernier discours d’un élu local qui nous recommande de marcher autant que possible au début et c’est parti!

Ca grimpe fort d’entrée de jeu. Cécile est en forme et commence à doubler gentiment. C’est un single track. Premier malaise d’une fille blonde au 3e km. Ca promet… Nous râlons un peu avec Mumu car doubler c’est bien mais quand le dénivelé est trop fort, ça fait bien monter le cardio. Nous prenons le temps de faire quelques photos car le paysage est magnifique. Impossible de courir mais nous essayons de garder un bon rythme en buvant régulièrement. Christophe Pinna nous rattrape et nous double. Nous levons la tête. Fichtre, mieux vaut regarder devant car la pente est un peu décourageante. Pierre un des 2 photographes nous cueille en plein effort et s’étonne de notre fraicheur. Les premières sont apparemment parties trop vite.  N’empêche qu’elles sont devant! Premier ravito. Nous faisons une photo avec Steve, notre ambianceur-comme-jamais qui a toujours le sourire. Il est surpris que nous prenions le temps. Ce sera une de nos plus belles photos souvenir ! Nous remplissons les Camel Back presque vides, buvons et nous arrosons mais les bénévoles nous calment vite. Ils risquent de manquer d’eau pour les suivantes. Pas cool car le prochain ravito est assez loin. Nous repartons le cœur léger mais Cécile est vite plombée par la banane qu’elle a engloutie trop vite. Enfin nous atteignons le sommet complètement dégagé – superbe avec une vue de malade. Il fait 10 degrés de plus qu’en temps normal. On attaque la descente, assez technique sur laquelle nous ne sommes pas vraiment rapides. Denier ravito. On recharge en eau mais on ne s’attarde pas. La suite est une descente roulante. Cool ! Cécile a les jambes en bois car elle a crispé sur la partie technique. On ralentit un peu et on se fait doubler par une équipe à fond les ballons. On les rattrape 1km + loin et on reconnait la blonde qui avait fait un malaise au début. Elle est pliée en 2 et ses co-équipières la pourrissent littéralement. «  arrache toi, tu peux le faire, allez!» La blonde est en larmes. Ambiance… Nous continuons sur notre rythme de sénateur et nous attaquons la jungle. Une corde est censée nous aider à parcourir cette portion et même si j’ai bien aimé l’esprit Commando Warrior de la journée acclimatation, là j’en chie en peu avec les muscles qui tétanisent. Il reste environ 7km. On relance. Plus beaucoup de jus mais on ne réfléchit pas trop et on ne parle plus. On croise Christophe Assailly qui nous annonce «  plus que 2km! » A mon tour d’avoir un coup de mou. Je demande à Cécile de calmer un peu car elle a repris du poil de la bête mais moi pas. On avance comme des métronomes. Ce saligaud de Christophe nous a menti. Ni on ne voit ni on entend l’arrivée. Il restait en fait 3.5km. Hâte d’y être. On franchit la ligne bien rincées. 4h33.

18e ! Mission accomplie!!

On s’affale dans l’herbe, complètement crado – cette fois on est loin de la plage sur un terrain plat en plein soleil. On doit avoisiner les 40 degrés. Du jamais vu à cette période. Une fille fait un malaise à côté de nous et tente de vomir sans succès. Nous sommes bouffées par les moucherons.  Même pas très faim mais nous allons quand même prendre un peu de nourriture sous un barnum surchauffé. Recup dans l’herbe avec les moucherons. Cécile et moi cherchons l’ombre, Mumu fait le lézard en plein cagnard. On va encourager les équipes qui arrivent, de plus en plus fatiguées, avec à chaque fois la musique d’équipe qui met du baume au cœur.

Les 1ères ont terminé en 3h45, les dernières en 7h25. 6 équipes n’ont pas passé la barrière horaire et prennent 4h de pénalité.

Mission du jour accomplie pour 50 nuances de violet !

                                                         


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La Rage fait du vélo

Nous sommes maintenant à 6 mois du Raid des Alizés.

Le budget est bouclé même si nous continuons à lever des fonds pour Laurette Fugain et La Cami sport et cancer que nous soutenons activement.

Le moment est venu de se consacrer à l’entrainement. Pour le canoe, ce sera compliqué car c’est difficile de trouver des canoes 3 places mais nous projetons de participer à la Lyon Kayac en septembre.

La course est notre dénominateur commun même si de mon côté j’ai sensiblement levé le pied à cause de douleurs aux genoux puis au dos. Bloquée 2 fois en 1 mois. Les ostéo n’ont pas vraiment aidé alors j’ai décidé de mettre l’accent sur le gainage et les étirements et de m’entrainer en VTT.

J’ai donc investi dans un engin à roues et à pédales et un magnifique casque de Caliméro.

C’était ma 3e sortie dimanche. Météo parfaite. Nous voilà parties, moi derrière mon mari qui avait sa petite idée quant au parcours. Couper à travers bois pour longer la Brague, rejoindre Biot Village, boire un Spritz en terrasse et revenir tranquillou à Roquefort.

Les premiers km sont grisants car ça descend et je n’en reviens pas de tourner à 24km/h. Première cuvette caillouteuse. Ca grimpe sec et tout droit. On pousse les VTT et nous voilà proches de la Brague. L’accès est barré par des barrières (entretien en cours). On passe quand même et je retrouve le chemin ombragé au bord de l’eau que je prends souvent en courant l’été. Sauf que c’est beaucoup + escarpé, raviné et étroit que dans les souvenirs de Philippe (il y a 15 ans !). Les grosses pluies de 2016 ont fait des dégâts et nous passons plus de temps à porter les VTT qu’à pédaler.

Mon dérailleur est mal réglé et je déraille régulièrement. J’essaie de me concentrer quand c’est praticable car c’est plutôt technique et je râle un peu. Je n’aime pas le VTT, je crois… La vitesse est tombée à moins de 5km/h et ça me saoule… Phil s’excuse, j’essaie de prendre un peu sur moi et là bim, ma roue ou quelque chose se coince, je me prends la pédale à l’intérieur du genou, je freine à mort beaucoup trop fort des 2 côtés, manque de passer par-dessus le guidon. Du coup je vire mes 2 pieds des pédales et m’empale sur la barre…..outchhh….ça fait mal – heureusement que j’ai mis le cuissard rembourré et que je suis une fille. Je pleure un petit coup – méga hématome à l’intérieur du genou, un peu de sang sur les mains….ouinh…VTT de merde – mais keske que je fous là….et pourquoi je me suis embarquée dans un putain de Raid !!!????

Nous ne rejoignons pas le village de Biot finalement trop loin et revenons à la maison par des sentiers plus normaux- Phil teste mon VTT et constate que les vitesses passent hyper mal. Je le reprends et reste sur le même plateau car j’en ai marre de dérailler toutes les 5mn.

Bilan des courses : 22,4km en 2h30…400m de D+ beaucoup de marche et plein de coups de pédales dans les tibias, quelques contusions, le moral en dessous du niveau de la mer…Phil essaie de me rassurer en me disant que je ne suis pas ridicule du tout, que j’ai une bonne condition, avec une marge de progression dans les descentes mais que sur terrain «normal » ça devrait le faire.

Après un (2 ?) Spritz maison, je me dis qu’en effet, une fois le dérailleur réglé et une bonne séance par semaine, je devrais avoir ma place à VTT au Raid des Alizés.

Vive le VTT (et le Spritz!)


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Ski Club – les débuts

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Janvier 2003

Oksana avait 6 ans pile quand nous l’avons inscrite au ski club de Roquefort. Elle est revenue le mercredi soir en me disant que c’était le plus beau jour de sa vie. Chaque mercredi elle se levait avec un enthousiasme impressionnant et revenait exténuée mais ravie. Intriguée par ces « plus beaux jours de la vie de ma fille », j’ai discuté un peu plus longuement avec Jean le président du Club. Il m’a suggéré de les accompagner afin de constater par moi-même et accessoirement leur donner un coup de main avec les petits.

J’ai posé un mercredi et j’ai rencontré la joyeuse bande des moniteurs et accompagnateurs du ski club de Roquefort. Des jeunes, des moins jeunes, un pompier, un couple de boulangers, des informaticiens, une atsem, 2 peintres en bâtiment, quelques mamans accompagnatrices comme moi. Pour encadrer dans la légalité, il faut suivre les formations fédérales (MF1 pour encadrer jusqu’à la préparation 2e étoile, MF2 pour la préparation 3e étoile à l’étoile d’Or). Mon rôle consistait donc à aider un moniteur fédéral. Il s’appelait Jean-Louis et m’a tout de suite déstressée en descendant du bus quand les enfants ont commencé à nous tourner autour en panique, à la recherche de leurs skis, leurs chaussures, leur dossard, leur moniteur et leur forfait. « Ici c’est sécurité-plaisir, on n’est pas pressé, on va s’équiper tranquillement »

Il faisait -5 degrés, je me suis cassée un ongle en essayant de serrer la chaussure d’un petit qui s’accrochait énergiquement à mes cheveux. J’ai mis mon bonnet et mes gants et je suis repartie tête en bas vaincre ce satané crochet gelé, en essayant de ne pas rendre mon petit déjeuner dans la neige. Je me suis demandée l’espace d’un instant ce que je foutais là… Un lever à 6h du mat un jour de congé, du vomi à nettoyer dans le bus, l’odeur jusqu’à la fin du trajet, l’équipement apocalyptique dans le froid. Il était 9h45. La journée promettait d’être longue. Nous avions les « Prépa 1ère étoile » et coup de chance, ils avaient déjà tous leur flocon et savaient donc mettre leurs skis, glisser quelques mètres sans tomber, voire même faire le chasse-neige. Ils nous ont raconté leur vie sur le télésiège, ont hurlé de joie en voyant les frites arriver le midi. Personne n’a fait pipi dans sa combi. Au moment de repartir à 13h15, Antonin 7 ans m’a dit ave sa bouille d’ange, Katia j’ai bien aimé ce matin mais c’est bon là, je veux plus de faire de ski cet après-midi. On a promis des jeux « trop marrants » et on les a tous fait passer sous des bâtons en se baissant au maximum sans tomber. Et c’est reparti jusqu’à 16h. En quittant la station d’Auron, nous avons demandé au chauffeur du bus de mettre un DVD. Il n’avait que « seven » en stock. La moyenne d’âge du bus étant de 8 ans, nous avons finalement remis Shreck qu’ils avaient déjà vu le matin. La plupart se sont endormis à part les agités du fond qui se sont gavés de bonbons et Oksana qui fatiguée ou pas ne s’endort jamais devant un film même Shreck pour la 2e fois de la journée. Nous sommes rentrées exténuées mais heureuses. La plus belle journée de ma vie d’accompagnatrice, et ça ne faisait que commencer…

 

Ayant pris goût à ces journées magiques de milieu de semaine, je me suis débrouillée pour partir au ski tous les mercredis d’hiver des années suivantes. Oksana a progressé sans que j’y contribue puisque nous évitions de prendre nos enfants dans nos groupes. Auriane a rejoint le club dès qu’elle a eu les 6 ans réglementaires. Nous les avions équipées toutes les 2 pour la saison pour 60€ grâce à la Bourse au ski du Club. 2 petits bouts de choux-bibendum avec les anoraks à boudins, les tresses qui dépassent du casque, le visage mangé par le masque. Et puis il y a eu le drame…:)  l’année où presque tout un groupe a été recalé à la 2e étoile. Ce jour-là, j’accompagnais silencieusement. Ils étaient 9,  ils avaient tous 7 ans. La promo d’Auriane, CE1, 2e année de ski. La monitrice EFS qui leur faisait passer la 2e étoile était revêche et a commencé par leur demander un dérapage dans une neige molle comme de la Chantilly (fin mars dans les Alpes du Sud). Aucun n’a réussi à déraper comme elle l’entendait et elle a crié « vous êtes tous nuls, c’est pas possible, je me demande qui vous a appris à skier ». J’ai continué à faire la carpe muette en rongeant mon frein. Tout a dégénéré, elle a continué à crier, ils ont perdu leurs moyens, elle haussait les épaules en levant ses bâtons d’un air excédé. Elle a cédé à contre-cœur la 2e étoile à 2 d’entre eux et a recalé les 7 autres. Je suis restée après que les enfants soient partis et j’ai vidé mon sac sans agressivité mais avec un regard de Léon nettoyeur qui aurait bu du vitriol. J’ai expliqué que nous étions un ski club, avec pour vocation de faire progresser les enfants mais pas nécessairement d’en faire des champions de ski et que le leitmotiv devait rester le plaisir. Je n’ai rien dit sur son absence de pédagogie car elle était irrécupérable, c’était sans espoir. Elle m’a répondu « c’est bien ça le problème les ski-club » Une petite guéguerre stérile. Les moniteurs de l’ESF sont payés contrairement aux moniteurs fédéraux qui sont bénévoles.  Pour encadrer à l’ESF, il faut obtenir le BE de ski qui demande un très bon niveau technique et 1 an de préparation alors que la formation MF1 ou MF2 dure 6 jours. Bref ESF et ski club ne jouent incontestablement pas dans la même catégorie. Un moniteur ESF est un professionnel rémunéré parfois très pédagogue, mais pas toujours ;  un moniteur fédéral est un bénévole plus ou moins bon techniquement, plus ou moins pédagogue mais qui à priori a une petite dose de patience et d’empathie pour passer des journées entières à encadrer des enfants sur son temps libre. Si nous n’avions pas emmené les enfants à Auron en bus le mercredi (journée sans cours à l’époque), ils ne seraient pas allés skier tous seuls en stop donc nous ne volions pas de clientèle à l’EFS avec nos sorties du mercredi.

Bref les 7 recalés pleuraient pendant le voyage du retour et nous avons distribué des bonbons et beaucoup de réconfort. Aurélien m’a dit d’un air très inquiet « mais Katia, c’est vrai que je suis nul en ski » ? Aujourd’hui il a 18 ans et descend les pistes comme un bolide à ski ou à snow. Bref ça nous a pris tout le trajet du retour pour rebooster notre petit monde que Cruella avait anéanti en 2h….Les années suivantes, nous avons « dealé » avec l’EFS et avons payé quelques heures de cours avec leurs moniteurs avant le passage des étoiles, en expliquant un poil faux cul que « oui nous pensons que votre enseignement les aidera à avoir le niveau requis » et bam, ça a couté quelques deniers au club mais le taux de réussite aux étoiles est monté en flêche 🙂

 


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Ming

ming

She passed away.

3 mots, la fin d’une vie.

Ming, my colleague, my friend, j’aurais aimé parler en Thai ou en Français avec toi, marcher à tes côtés, te rassurer pour de vrai, aller manger une glace chez Pueng avec Oy et toi pour fêter ta sortie, ta 2e victoire contre la maladie.

Quand je t’ai dit que tes analyses n’étaient pas forcément inquiétantes, j’y ai cru. Comme j’ai cru et voulu très fort que cette rechute ne soit pas la plus forte.

Pardon pour ça.

Je sais que tu t’es battue. J’admire ta force de caractère, ta gentillesse tellement sincère. Ce que tu as vécu, je ne le souhaite à personne, même au pire des connards. Le décalage entre ta douceur et la dureté des épreuves et des traitements que tu as subis est tellement … inacceptable que j’ai envie de hurler.

Je sais qu’il faut accepter pour mieux se battre, ne pas être dans la colère, la rancœur. Aujourd’hui je n’y parviens pas encore. Je me sens de nouveau agressive, presque méchante comme on peut l’être quand on est impuissant et malheureux.

J’aimerais serrer tes parents dans mes bras, leur dire combien les valeurs qu’ils t’ont transmises sont belles, et pleurer avec eux.

Je suis loin, petite, useless, désemparée. Je sais que tu priais et j’aimerais savoir le faire pour toi.

Je te promets que chaque fois que je serai sur le point de m’énerver pour des broutilles je penserai à toi, douce Ming, jolie Ming, si sage, si apaisante… Je t’aime.


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Epopée mouillée en violet

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Il y a un an, il me proposait de faire le mud day. Juste après la méga gastro qui a anéanti des centaines de joyeux boueux dans le feu de l’action. J’avais poliment décliné. La boue, passe encore, mais la boue + la … bref, non…

Mais nous avions ce projet en veilleuse de réaliser une épreuve sportive ensemble, en violet puisque c’est la cause qui nous réunit, la couleur de Laurette.

Lui c’est Philippe Gardes, un bénévole, un vrai, le seul avec qui les sensibilisations se passent toujours bien parce qu’il est vrai. De lui émane une telle gentillesse que même le dernier des connards ne peut pas l’envoyer bouler. Quand les passants me jettent ou m’ignorent, je retourne vers lui me ressourcer un petit coup et ça repart. Sans lui, l’indifférence humaine m’aurait découragée mille fois.

Dans le but de nous préparer pour le Raid Amazones, il nous suggère de participer à la Lyon Kayac – une grosse rencontre à Lyon en septembre. Mes 2 comparses ont prévu de faire le trail de Sospel ce jour là. Des trails, des courses et des entrainements de running, nous en avons fait pas mal en 2016, environ 500km pour moi contre 24km de kayac (la descente de l’ardêche en mai), donc je dis oui !

Le matin du 17 septembre quand le réveil sonne, j’ai ce sentiment familier de peur-flemme de l’inconnu. Dans quoi je m’embarque….9 h de bagnole aller-retour, un canoé gonflable, une météo déplorable, des bénévoles lyonnais qui ne répondent pas aux messages de Philippe qui les a pourtant déjà rencontrés….rrrrrah, comme je resterais bien sous ma couette à buller tout le WE en lisant des romans de gare et en regardant des séries…

Nous sommes partis ! Le canoe dégonflé tient largement dans mon Sandero et à 13h, nous débarquons à Confluence, le lieu du crime. Sans le vent et la pluie, l’endroit pourrait être charmant mais il va falloir sortir les K-Way. Nous repérons le stand Laurette Fugain à côté de celui de la Macif – les violets et les jaunes-verts. Aucun passant ne s’arrête sur aucun stand car il n’y a aucun passant mais l’après-midi se déroule tranquillement. Les bénévoles Lyonnais sont hétérogènes, sympathiques et très équipés, tee-shirts violets, sweats violets, k-way violets…il nous manque quelques éléments pour parfaire la panoplie du parfait sportif Laurette Fugain. L’un d’entre eux a perdu son fils atteint de leucémie récemment. Il continue à s’investir dans l’association sans pathos, à faire du VTT, à sourire. Il sera présent pour nous tout le WE. Un gars qui force le respect. Nous profitons pleinement de la soirée et de l’hébergement chez des amis adorables qui nous bichonnent comme des athlètes de haut niveau (avec une petite entorse whisky-vin d’Alsace juste délicieuse). Le dimanche il pleut mais pas trop et nous enchainons voiture-navette en bus –avec le canoé dégonflé qui tient quand même de la place et pèse un peu à force de le trimballer – pour arriver à Rochetaillée, le lieu du départ. Gonflage, mise à l’eau au milieu de 1000 autres bateaux en tous genres, y compris des paddles. Des futures amazones viennent parler au micro – petit pincement mais nous y serons en 2017, foi de violettes !! – le départ est donné dans la pagaille générale et à coups de pagaies dans tous les sens. Philippe sait se servir des ustensiles mais ce n’est pas le cas de tout le monde et nous nous heurterons à des dizaines de bateaux partis en vrille pendant le parcours. L’engin ne se dégonfle pas mais s’imbibe d’eau de pluie. Je constate qu’un père et son fils handicapé qui ne rame pas dans un canoé en plastique avancent plus vite que nous qui pagayons tous les 2. Les 14km vont être longs…2h45 avec un peu de vent, de sueur mêlée à la pluie, de questions métaphysiques – j’enlêve ma 1ère couche, ma 2e, le k-way, le tee-shirt violet ? Finalement je garderai les 4 couches car il fait frais à Lyon en ce 18 septembre. A l’arrivée, nos hôtes sont là sous leur capuche, sans doute depuis un moment. Magique… J’abandonne lâchement Philippe pour courir ventre à terre jusqu’à Burger King où je récupère fissa fissa un code des toilettes sur la table d’un type médusé pour soulager une envie juste …irrépressible – 1mn interminable et divine – les plaisirs simples post-effort 😀 Tout comme le chili con carne fumant que nous dégustons religieusement sur le coup des 15h. Le dégonflage, repliage du canoé sous la pluie est un peu moins jubilatoire. Les 500m à pied jusqu’à la voiture avec l’engin qui pèse désormais 3 tonnes est laborieux. Le retour en voiture est léger lui. Nous l’avons faite cette Lyon Kayac. Je n’ai pas assommé Philippe avec mes pagaies, nous sommes restés zen dans l’effort, sous la pluie, et même à 21h le dimanche soir, quand le canoé qui n’avait pas dit son dernier mot nous a inondés les pieds lors de son déplacement d’une voiture à une autre.

Un bien beau WE, tout simple, violet comme on les aime.


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Samedi, dimanche…c’est presque pareil….

VG betisier

1er évènement pour le projet 50 Nuances de Violet : un vide-grenier !

J’en ai fait plusieurs quand les filles étaient petites en mode « on trie un peu notre bric à brac de vêtements, jouets, bibelots », on se lève à l’aube pour faire 15 trajets ‘La voiture-le stand’ avec tout notre bazar y compris des planches et des tréteaux parce qu’on n’a pas de table pliante. On essaie de mettre en valeur notre capharnaum. On négocie, ou plutôt on brade tout parce qu’on n’a pas le sens du commerce. On essaie quand même de jouer à la marchande « ce tailleur à fleurs est fait pour vous Madame – Don d’une vieille tante pour une occasion…qui ne s’est jamais présentée ( !) – Oui c’est très frais ces fleurs bleues et vertes et je vous avoue que depuis ce matin, vous êtes la seule personne qui rentre dans un 36… La dame fronce le nez et les sourcils en interrogeant son mari du regard ? Le type s’en tamponne le coquillard – il a juste envie d’aller boire une bière. Je laisse mijoter…et bim, le tailleur part pour 3€.  Ma plus grosse prise… 8h plus tard, on range tout (parce qu’il en reste hélas), on jette un peu quand même histoire de rentrer à la maison un peu plus légères, noires de poussières et épuisées. Pendant 3 semaines au moins, on fait très attention au moindre achat et le lundi on soupire d’aise au bureau derrière son ordi, soulagées de ne pas « en vivre » de ces vide-greniers.

Là c’est le mien. Je suis G.O.….Youpi !! La mairie me laisse tout gérer et m’offre les banderoles. Après quelques échanges de mails, je valide une banderole de 1m sur 5m qui affichera :

Vide-Grenier Roquefort-les Pins – Parc des Sports

Samedi 5 juin

Inscriptions : 50nuancesdeviolet.com

Le timing est un peu serré mais ça devrait le faire. Mercredi 25, 10 jours avant le jour J je reçois un mail m’annonçant que je peux récupérer les 2 banderoles. Je suis à Madrid, de retour le jeudi à minuit. Je file à la mairie le vendredi matin et – stupeur – quand je déroule les banderoles à la maison le soir, je réalise qu’elles sont conformes à ce que j’avais envoyé. Sauf que le 5 juin, c’est un dimanche…Nous partons en WE en Ardèche dans 1h – je cherche frénétiquement un marqueur mais Phil me stoppe dans mon élan – attends, on va faire un truc propre. 3 pages A4 pour couvrir le gros ‘Samedi’ avec un ‘Di’-’Man’-’che’  J’arrive en voiture au 1er rond-point stratégique avec ficelle, scotch et j’accroche tant bien que mal ma banderole énorme toute neuve avec sa rustine. Le muret est immense, je me casse un ongle en escaladant sans prise pour accrocher la ficelle. Et de 1 ! Le 2e point stratégique est un grillage devant le Parc des Sport où se tiendra le vide-grenier. J’attache ma 2e banderole et je reviens préparer les affaires pour le WE. 2h30 de retard mais les banderoles sont en place yes !

De retour du WE le dimanche soir, les banderoles sont toujours là mais le pansement ‘Di’-’Man’-’che’ n’a pas résisté au vent et à la pluie. Lundi matin, à J-6, je recouvre le Samedi d’un ‘Di’-’Man’-’che’ plastifié cette fois, que je fixe avec des punaises aux 2 endroits. Lundi soir en rentrant du travail, plus de ‘Di’-’Man’-’che’  ….ou bien le vent qui se déchaine depuis mon histoire de banderoles les a emportées, ou bien un saboteur de vide-greniers m’en veut. Mardi matin donc aujourd’hui, je reviens avec un nouveau ‘Di’-’Man’-’che’  et un énorme rouleau de scotch. J’ai cramé toutes les cartouches d’encre de l’imprimante et j’ai même imprimé une photo format 10×15 « CHE » par inadvertance. Le gars qui fait la circulation me prend en pitié vu qu’il est là aussi tous les matins et me voit bricoler vainement. Il me propose de fixer le 2e patch sur l’autre banderole car je suis en retard pour aller bosser. Super sympa ! A midi, les 2 pansements ‘Di’-’Man’-’che’ sont à moitié en vrac – le vent qui ne souffle jamais dans notre coin me met de sérieux bâtons dans les roues. J’y retourne avec Auriane en renfort, du scotch de chantier ET des épingles à nourrice. J’enfonce les épingles dans les banderoles avec une détermination rare. Je me sens l’âme d’un pitbull avec ce vide-grenier et ces banderoles. Heureusement que le gars de la circulation est parti sinon je lui aurais fait un sourire de chien enragé ou un ricanement hystérique que sais-je…

La prochaine fois je prends 2mn de plus pour valider mon texte de 3 lignes.

Si vous n’avez rien de prévu samedi, pardon dimanche, venez au vide-grenier, on boira un petit verre de Rosé, je pense qu’on saura l’apprécier 🙂

 


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50 nuances de sentiments

Depuis que nous avons lancé ce projet de Raid Amazones aux couleurs de l’Association Laurette Fugain, je me dis « il faut que j’écrive » …. L’excitation, les doutes, l’envie, la peur, la motivation, les doutes, la sueur, le VTT à Plat (je ne sais pas faire de VTT), la gniaque, les fous rires dans les vestiaires, l’appréhension de demander de l’argent (nous sommes 3 putains de nanas comme on n’en fait plus, en tout modestie…. mais pas commerciales pour un sou), l’admiration des proches, l’indifférence d’autres proches, l’incompréhension de certains, le scepticisme de ceux qui doutent de nous et de tout et qui nous boostent au lieu de nous déprimer, on chasse les doutes, on se bouge, go go go !!!

Et les vrais amis comme Jean du ski club, Mathieu le casseur de records, Philippe mon précieux acolyte de Laurette Fugain, Valérie et Tiffany de Paris qui se bougent avec nous et ça fait putain de chaud au cœur (2 ‘putain’ en 2 paragraphes, je suis au taquet)

Et les potes virtuels de Athlète Endurance qui donnent de leurs deniers alors qu’ils ne m’ont jamais vue (et encore moins Cécile et Mumu).

Et tous ceux qui viennent faire tilter cette cagnotte, ceux qui partagent la page, ceux qui croient en nous. On ne peut plus reculer les filles, la machine de guerre est lancée. A midi, on se peint le visage et on part faire un entrainement de warrior dans la forêt, en violet !

50 putain de nuances de violet!!!! 😀


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3h de kiff olfactif

Cruel Gardenia

Depuis longtemps, je rêvais de faire une des ballades olfactives dans Paris, recommandées par le site ‘auparfum’. Pour les accrocs du parfum comme moi, Paris reste LA référence. La ville qui regorge de parfumeries de niche et de parfums ‘exclusifs’ qu’on ne trouve pas en Province. J’habite près de Grasse et c’est déjà une chance mais le Marais me tendait les bras depuis longtemps avec ses dizaines de boutiques inédites et uniques. J’ai donc planifié cette épopée sensorielle samedi après-midi. 3h rien que pour moi (je n’avais dit à personne d’autre que ma fille Oksana que j’étais dans la capitale pour préserver mon petit trip perso, le genre de moment qui ne se partage pas).

28mn de marche depuis le 5e en traversant la Seine. Les bouquinistes, des musiciens à tous les coins de rue, le bar des Philosophes, des rues pavées. Ca sent déjà bon Paris !

Je commence par essuyer un mini échec en ne trouvant pas l’Artisan Parfumeur dans la rue Bourg Tibourg. Je pousse la porte du Studio des Parfums qui n’était pas référencé mais où je suis très bien accueillie par un couple qui m’explique que l’atelier est fermé provisoirement. Le studio des parfums propose des ateliers pour créer son propre parfum. Je prends note et poursuis jusqu’à la petite boutique Mariage frères (en face de la grande) dans laquelle on peut sentir des dizaines de thés avant de faire son choix. J’opte pour un thé à la cerise prometteur. Le vendeur en costume s’étonne « Je pensais que vous resteriez plus longtemps » Je lui explique que j’ai un agenda virtuel de ministre et que je ne peux m’attarder sur les thés même si c’est très tentant.

Direction rue des Franc-bourgeois où je fais un saut chez Fragonard pour re-sentir l’eau d’oranger mais je suis en terrain connu, il est temps de changer de registre. Je pousse la porte de Chanel….le luxe à l’état pur. Ca embaume « Bleu » dont je m’imprègne. Une vendeuse très sophistiquée me ‘prend’ en main. Le genre de personne avec qui je n’accroche pas. J’ai – il est vrai – un assez gros sac à dos pas très  glam et ma tête ébouriffée des grands jours, pas vraiment Chanel dans l’attitude ( !) Nous discutons un peu. Elle m’agace assez vite avec son avis très tranché et son manque d’ouverture d’esprit. Le parfum, c’est un voyage Madame Prout Prout au masque figé – Laissez-moi rêver et arrêtez de me contredire dès que j’évoque une note ou un souvenir. Bref je sens rapidement Beige, un exclusif qui m’intriguait depuis longtemps puis  Boy, un autre exclusif qui vient de sortir, et je me sauve en prenant garde de ne rien casser avec mon dos de tortue.

Même luxe chez Guerlain, mais une vendeuse plus douce et souriante qui me fait voyager cette fois. Je suis surprise par Cruel Gardenia qui m’intriguait depuis longtemps. Je l’imaginais sulfureux et bien pas du tout. Très subtil au contraire, d’où l’adjectif ‘cruel’ peut-être…Une effluve qui envoûte cruellement ceux qui s’en approchent sans pouvoir la capter…je soulève délicatement le flacon. 190 € ….Cruel oui 🙂

J’entre ensuite chez Penhaligon’s où « Au parfum » annonçait « une boutique aux allures de barbier Anglais avec ses dizaines de flacons vintage aux effluves rétro, ses savons, ses bougies, ses accessoires de toilette et ses vendeuses très gentilles et serviables. Un retour au 19e siècle » C’est exactement ça, des crèmes pour la moustache, des flacons improbables et une vendeuse charmante qui me raconte l’histoire de la maison, les collections, l’évolution au fil du temps. Je craignais que ces vieux parfums ne soient trop forts et complètement décalés mais à part Hammam qui envoie du lourd, la plupart sont plutôt « frais »  et « propres ». Je craque sur Cothair et Douro et je repars avec un échantillon de chaque. Incontournable boutique. Je plane ….

Puis je teste Dyptique. Une horde d’ados pshitte à tout va et j’attends tranquillement de pouvoir accéder aux testeurs. La plupart du temps je sens sans vaporiser. J’ai déjà les bras, les mains et les poignets qui embaument, des mouillettes dans chaque poche. Il faut que je m’économise, l’overdose n’est pas loin. Dyptique sera ma plus grosse pêche en terme d’échantillons. Je repars avec un sac de 6 échantillons et la proposition de la vendeuse de m’en envoyer un 7e sans avoir rien demandé. Un petit tour chez Caudalie pour leur gamme thé des vignes avec laquelle je m’endors chaque soir. Puis Jo Malone et leur dernière collection d’aromatiques Ma dernière visite sera chez Annick Goutal où le vendeur m’accueille sur la réserve dans un premier temps puis se dégèle quand je réagis sur Vanille charnelle qui sent vraiment la vanille et pas la vanilline des flans et des gâteaux. Il me fait sentir Sables que je trouve atroce mais à qui je laisse une chance dans l’évolution. Je choisis « Petite Chérie » pour ma fille Auriane qui cherche « son parfum » depuis quelques temps. Des notes de pêche et de poire mais pas trop sucrées. Intéressant.

Je me pose enfin dans un café place des Vosges. Je suis épuisée, un peu comateuse et je ne sais pas quoi commander. J’opte pour une crêpe flambée qui s’avère être une triple crêpe au grand marnier très régénérante. J’évite de justesse de faire cramer ma mêche folle. Fin du voyage olfactif. Ce café sent les relents de cuisine. Je prends le RER B à Chatelet direction gare du Nord. L’amie chez qui je dors m’a conseillé de prendre la ligne H, pas la D. J’ai ½ heure d’attente. J’ai bourré mes emplettes Caudalie, Mariages frère et Nicolas dans un sac plastique neutre. Elle m’a aussi conseillé de ne pas sortir mon téléphone. Je me pose sur un banc au milieu de détritus. Un homme et une femme complètement bourrés s’asseyent à côté de moi avec leur bière. Ils se moquent des gens autour d’eux. Ils tiennent des propos incohérents qui les font rire. L’homme se lève en clamant avec un sourire niais qu’il bande comme un âne.  Je me compose une tête mi-indifférente mi-bienveillante, une tête de vieille sage (ou de vieille tout court peut-être). Il est à 50cm de moi et demande à sa comparse de le sucer. Je fais la seule prière de ma vie, très courte et très intense pour qu’elle ne s’exécute pas. Dieu, Bouda, Allah, quelqu’un m’a entendu. Je quitte mes nouveaux voisins de quai de gare pour monter dans le train. Je me sens compulsivement les mains et les poignets pour replonger dans mon premier voyage, celui des sens. Je ferme les yeux (mais je tiens mon sac). Hâte de pouvoir tester tous mes échantillons un à un, avec parcimonie pour prolonger ce moment précieux. Merci « auparfum » la ballade en valait la peine. Je sens….que je vais revenir très bientôt  dans ce Marais enchanteur…

 

 


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To be or not to be….

….a business woman (qui voyage)

Il y a les habitués, ceux qui enchainent les business trips sans sourciller, voire qui aiment ça. Ceux-là ont une carte Platinium, savent où se garer à l’aéroport pour optimiser la distance voiture-zone d’embarquement à l’aller ET au retour. Ils sont trop forts. Ils prennent leur petit déjeuner dans le lounge. 1 mail, une mini-viennoiserie, 1 appel téléphonique, 1 Nespresso. Pareil le soir mais Pinot noir-Facebook-Noix de cajou. Leur siège dans l’avion est toujours réservé, proche de la sortie.

Et puis il y a les « occasionnels », dont je fais partie, que l’entreprise envoie en voyage d’affaires une fois par an. Ceux-là ont encore la candeur de penser « voyage » plutôt qu’ « affaires ». A tort et à raison. J’ai adoré mes déplacements à Madrid, Londres, Stockholm, Bangalore, Sydney, Bangkok . Des missions de 2 à 10 jours, un zest de stress, une bonne dose de dépaysement ; le cocktail parfait.

Au-delà de 8h d’avion, on voyage en business class dans mon entreprise et, bizarrement, on se sent un Monsieur ou une Madame alors qu’on est le même clampin que la veille qui a troqué son jean contre un costard ou un tailleur.

Ce mardi, j’avais un déplacement à Paris pour une formation client. Aller-retour dans la journée. Classe éco, Easy Jet, départ 6h30 . Même pas mal ! Quoi que….Lever à 4h du mat (depuis quelques semaines mes cheveux se rebellent et je dois les laver le matin sinon je ressemble à Doc dans Retour vers le futur). Lever à l’aube donc pour découvrir à l’aéroport que le vol avait 40mn de retard…..Blllurrrrmmmmpffff….Terminal 2 mort de chez mort, pas un Paul ni même un bouiboui d’ouvert pour prendre un café. Je me rattrape dans l’avion (qui part finalement presque à l’heure sans prévenir personne que le retard est résorbé). Je me jette sur 3 mini viennoiserie bien emballées. Une substance à la fois dure et molle (si si c’est possible), j’essaie juste de ne pas mettre des miettes partout et comme elles sont hyper froides et pas (plus) du tout feuilletées, je m’en sors assez bien.

Orlyval, puis RER B, je suis en terrain connu. Ca se gâte à Chatelet au moment d’entrer dans le RER A. Tel un demi de mêlée, je me jette sur les gens, dedans, je pousse, on me pousse, les portes se referment. Ouf, j’ai tous mes membres à l’intérieur, le laptop, le sac à main et le foulard, tout le monde est là. Je respire (en apnée depuis 10mn, il était temps). Je suis en sueur. Tailleur + manteau + foulard, c’est déraisonnable mais je suis incapable de bouger un doigt alors de là à me déshabiller…J’avais oublié qu’en business trip on passe souvent de l’état « je suis frigorifié » (à 6h00 dans la passerelle de l’avion ou sur le tarmac) à l’état «  je pète de chaud » (avec 3 couches dans un RER plein comme un œuf -pourri, ben oui, ça refoule aussi forcément, sinon ce serait limite cosy – ). Je pense à ma mère qui déplore avoir souvent «très faim » ou « trop mangé » mais revenons au périple du jour.

Lever à 4h pour arriver à 9h15 à La Défense Grande Arche – C’est beau… ? …Grand… Différent de Sophia !

Je rejoins les clients. La journée se déroule plutôt bien et me voilà de retour à Orly Sud en fin d’après-midi.J’ai bien sûr bippé matin et soir, enlevé manteau, veste à 5 boutons et chaussures à brides (quelle quiche aussi – la prochaine fois, j’y vais en kroks)

Au retour, j’ai eu droit à une fouille au corps par une grande dame impressionnante qui voulait à tout prix que j’enlève ma ceinture. J’ai bien vérifié, je n’en avais pas. Dans le doute, elle a quand même passé sa main entre mon pantalon et ma taille, mon dos (tout le tour quoi, je rentrais le ventre du coup pour qu’elle puisse faire le tour du propriétaire tranquillou)

Le passage de la porte B09, puis B010, et enfin B012 à l’avion a duré 45mn. Les Speedy boarding n’ont pas fait beaucoup mieux. Dans la cabine, un gars réparait un coffre à bagages complètement effondré qui menaçait d’assommer un passager.

Il est 19h34, je suis dans l’avion entre un gars et une fille mais ce n’est pas Chouchou et Loulou. J’ai un paquet de cacahuètes-noix de cajou et un verre de rouge acide qui n’a de de Grenache-Syrah que le nom. Pas grave, je kiffe. Je décompresse. J’ai mérité mon apéro low cost à 8€50 – quand même )

Demain, retour à la vraie vie, avec un lever à 6h30 (grasse mat quoi), un footing dans la forêt à la pause de midi et 1h à gérer mes notes de frais (peut-être moins si je suis en forme).

Alors, Business woman qui voyage moi ? Une fois par an, oui, c’est bien.