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3h de kiff olfactif

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Cruel Gardenia

Depuis longtemps, je rêvais de faire une des ballades olfactives dans Paris, recommandées par le site ‘auparfum’. Pour les accrocs du parfum comme moi, Paris reste LA référence. La ville qui regorge de parfumeries de niche et de parfums ‘exclusifs’ qu’on ne trouve pas en Province. J’habite près de Grasse et c’est déjà une chance mais le Marais me tendait les bras depuis longtemps avec ses dizaines de boutiques inédites et uniques. J’ai donc planifié cette épopée sensorielle samedi après-midi. 3h rien que pour moi (je n’avais dit à personne d’autre que ma fille Oksana que j’étais dans la capitale pour préserver mon petit trip perso, le genre de moment qui ne se partage pas).

28mn de marche depuis le 5e en traversant la Seine. Les bouquinistes, des musiciens à tous les coins de rue, le bar des Philosophes, des rues pavées. Ca sent déjà bon Paris !

Je commence par essuyer un mini échec en ne trouvant pas l’Artisan Parfumeur dans la rue Bourg Tibourg. Je pousse la porte du Studio des Parfums qui n’était pas référencé mais où je suis très bien accueillie par un couple qui m’explique que l’atelier est fermé provisoirement. Le studio des parfums propose des ateliers pour créer son propre parfum. Je prends note et poursuis jusqu’à la petite boutique Mariage frères (en face de la grande) dans laquelle on peut sentir des dizaines de thés avant de faire son choix. J’opte pour un thé à la cerise prometteur. Le vendeur en costume s’étonne « Je pensais que vous resteriez plus longtemps » Je lui explique que j’ai un agenda virtuel de ministre et que je ne peux m’attarder sur les thés même si c’est très tentant.

Direction rue des Franc-bourgeois où je fais un saut chez Fragonard pour re-sentir l’eau d’oranger mais je suis en terrain connu, il est temps de changer de registre. Je pousse la porte de Chanel….le luxe à l’état pur. Ca embaume « Bleu » dont je m’imprègne. Une vendeuse très sophistiquée me ‘prend’ en main. Le genre de personne avec qui je n’accroche pas. J’ai – il est vrai – un assez gros sac à dos pas très  glam et ma tête ébouriffée des grands jours, pas vraiment Chanel dans l’attitude ( !) Nous discutons un peu. Elle m’agace assez vite avec son avis très tranché et son manque d’ouverture d’esprit. Le parfum, c’est un voyage Madame Prout Prout au masque figé – Laissez-moi rêver et arrêtez de me contredire dès que j’évoque une note ou un souvenir. Bref je sens rapidement Beige, un exclusif qui m’intriguait depuis longtemps puis  Boy, un autre exclusif qui vient de sortir, et je me sauve en prenant garde de ne rien casser avec mon dos de tortue.

Même luxe chez Guerlain, mais une vendeuse plus douce et souriante qui me fait voyager cette fois. Je suis surprise par Cruel Gardenia qui m’intriguait depuis longtemps. Je l’imaginais sulfureux et bien pas du tout. Très subtil au contraire, d’où l’adjectif ‘cruel’ peut-être…Une effluve qui envoûte cruellement ceux qui s’en approchent sans pouvoir la capter…je soulève délicatement le flacon. 190 € ….Cruel oui 🙂

J’entre ensuite chez Penhaligon’s où « Au parfum » annonçait « une boutique aux allures de barbier Anglais avec ses dizaines de flacons vintage aux effluves rétro, ses savons, ses bougies, ses accessoires de toilette et ses vendeuses très gentilles et serviables. Un retour au 19e siècle » C’est exactement ça, des crèmes pour la moustache, des flacons improbables et une vendeuse charmante qui me raconte l’histoire de la maison, les collections, l’évolution au fil du temps. Je craignais que ces vieux parfums ne soient trop forts et complètement décalés mais à part Hammam qui envoie du lourd, la plupart sont plutôt « frais »  et « propres ». Je craque sur Cothair et Douro et je repars avec un échantillon de chaque. Incontournable boutique. Je plane ….

Puis je teste Dyptique. Une horde d’ados pshitte à tout va et j’attends tranquillement de pouvoir accéder aux testeurs. La plupart du temps je sens sans vaporiser. J’ai déjà les bras, les mains et les poignets qui embaument, des mouillettes dans chaque poche. Il faut que je m’économise, l’overdose n’est pas loin. Dyptique sera ma plus grosse pêche en terme d’échantillons. Je repars avec un sac de 6 échantillons et la proposition de la vendeuse de m’en envoyer un 7e sans avoir rien demandé. Un petit tour chez Caudalie pour leur gamme thé des vignes avec laquelle je m’endors chaque soir. Puis Jo Malone et leur dernière collection d’aromatiques Ma dernière visite sera chez Annick Goutal où le vendeur m’accueille sur la réserve dans un premier temps puis se dégèle quand je réagis sur Vanille charnelle qui sent vraiment la vanille et pas la vanilline des flans et des gâteaux. Il me fait sentir Sables que je trouve atroce mais à qui je laisse une chance dans l’évolution. Je choisis « Petite Chérie » pour ma fille Auriane qui cherche « son parfum » depuis quelques temps. Des notes de pêche et de poire mais pas trop sucrées. Intéressant.

Je me pose enfin dans un café place des Vosges. Je suis épuisée, un peu comateuse et je ne sais pas quoi commander. J’opte pour une crêpe flambée qui s’avère être une triple crêpe au grand marnier très régénérante. J’évite de justesse de faire cramer ma mêche folle. Fin du voyage olfactif. Ce café sent les relents de cuisine. Je prends le RER B à Chatelet direction gare du Nord. L’amie chez qui je dors m’a conseillé de prendre la ligne H, pas la D. J’ai ½ heure d’attente. J’ai bourré mes emplettes Caudalie, Mariages frère et Nicolas dans un sac plastique neutre. Elle m’a aussi conseillé de ne pas sortir mon téléphone. Je me pose sur un banc au milieu de détritus. Un homme et une femme complètement bourrés s’asseyent à côté de moi avec leur bière. Ils se moquent des gens autour d’eux. Ils tiennent des propos incohérents qui les font rire. L’homme se lève en clamant avec un sourire niais qu’il bande comme un âne.  Je me compose une tête mi-indifférente mi-bienveillante, une tête de vieille sage (ou de vieille tout court peut-être). Il est à 50cm de moi et demande à sa comparse de le sucer. Je fais la seule prière de ma vie, très courte et très intense pour qu’elle ne s’exécute pas. Dieu, Bouda, Allah, quelqu’un m’a entendu. Je quitte mes nouveaux voisins de quai de gare pour monter dans le train. Je me sens compulsivement les mains et les poignets pour replonger dans mon premier voyage, celui des sens. Je ferme les yeux (mais je tiens mon sac). Hâte de pouvoir tester tous mes échantillons un à un, avec parcimonie pour prolonger ce moment précieux. Merci « auparfum » la ballade en valait la peine. Je sens….que je vais revenir très bientôt  dans ce Marais enchanteur…

 

 

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