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Ski Club – les débuts

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Janvier 2003

Oksana avait 6 ans pile quand nous l’avons inscrite au ski club de Roquefort. Elle est revenue le mercredi soir en me disant que c’était le plus beau jour de sa vie. Chaque mercredi elle se levait avec un enthousiasme impressionnant et revenait exténuée mais ravie. Intriguée par ces « plus beaux jours de la vie de ma fille », j’ai discuté un peu plus longuement avec Jean le président du Club. Il m’a suggéré de les accompagner afin de constater par moi-même et accessoirement leur donner un coup de main avec les petits.

J’ai posé un mercredi et j’ai rencontré la joyeuse bande des moniteurs et accompagnateurs du ski club de Roquefort. Des jeunes, des moins jeunes, un pompier, un couple de boulangers, des informaticiens, une atsem, 2 peintres en bâtiment, quelques mamans accompagnatrices comme moi. Pour encadrer dans la légalité, il faut suivre les formations fédérales (MF1 pour encadrer jusqu’à la préparation 2e étoile, MF2 pour la préparation 3e étoile à l’étoile d’Or). Mon rôle consistait donc à aider un moniteur fédéral. Il s’appelait Jean-Louis et m’a tout de suite déstressée en descendant du bus quand les enfants ont commencé à nous tourner autour en panique, à la recherche de leurs skis, leurs chaussures, leur dossard, leur moniteur et leur forfait. « Ici c’est sécurité-plaisir, on n’est pas pressé, on va s’équiper tranquillement »

Il faisait -5 degrés, je me suis cassée un ongle en essayant de serrer la chaussure d’un petit qui s’accrochait énergiquement à mes cheveux. J’ai mis mon bonnet et mes gants et je suis repartie tête en bas vaincre ce satané crochet gelé, en essayant de ne pas rendre mon petit déjeuner dans la neige. Je me suis demandée l’espace d’un instant ce que je foutais là… Un lever à 6h du mat un jour de congé, du vomi à nettoyer dans le bus, l’odeur jusqu’à la fin du trajet, l’équipement apocalyptique dans le froid. Il était 9h45. La journée promettait d’être longue. Nous avions les « Prépa 1ère étoile » et coup de chance, ils avaient déjà tous leur flocon et savaient donc mettre leurs skis, glisser quelques mètres sans tomber, voire même faire le chasse-neige. Ils nous ont raconté leur vie sur le télésiège, ont hurlé de joie en voyant les frites arriver le midi. Personne n’a fait pipi dans sa combi. Au moment de repartir à 13h15, Antonin 7 ans m’a dit ave sa bouille d’ange, Katia j’ai bien aimé ce matin mais c’est bon là, je veux plus de faire de ski cet après-midi. On a promis des jeux « trop marrants » et on les a tous fait passer sous des bâtons en se baissant au maximum sans tomber. Et c’est reparti jusqu’à 16h. En quittant la station d’Auron, nous avons demandé au chauffeur du bus de mettre un DVD. Il n’avait que « seven » en stock. La moyenne d’âge du bus étant de 8 ans, nous avons finalement remis Shreck qu’ils avaient déjà vu le matin. La plupart se sont endormis à part les agités du fond qui se sont gavés de bonbons et Oksana qui fatiguée ou pas ne s’endort jamais devant un film même Shreck pour la 2e fois de la journée. Nous sommes rentrées exténuées mais heureuses. La plus belle journée de ma vie d’accompagnatrice, et ça ne faisait que commencer…

 

Ayant pris goût à ces journées magiques de milieu de semaine, je me suis débrouillée pour partir au ski tous les mercredis d’hiver des années suivantes. Oksana a progressé sans que j’y contribue puisque nous évitions de prendre nos enfants dans nos groupes. Auriane a rejoint le club dès qu’elle a eu les 6 ans réglementaires. Nous les avions équipées toutes les 2 pour la saison pour 60€ grâce à la Bourse au ski du Club. 2 petits bouts de choux-bibendum avec les anoraks à boudins, les tresses qui dépassent du casque, le visage mangé par le masque. Et puis il y a eu le drame…:)  l’année où presque tout un groupe a été recalé à la 2e étoile. Ce jour-là, j’accompagnais silencieusement. Ils étaient 9,  ils avaient tous 7 ans. La promo d’Auriane, CE1, 2e année de ski. La monitrice EFS qui leur faisait passer la 2e étoile était revêche et a commencé par leur demander un dérapage dans une neige molle comme de la Chantilly (fin mars dans les Alpes du Sud). Aucun n’a réussi à déraper comme elle l’entendait et elle a crié « vous êtes tous nuls, c’est pas possible, je me demande qui vous a appris à skier ». J’ai continué à faire la carpe muette en rongeant mon frein. Tout a dégénéré, elle a continué à crier, ils ont perdu leurs moyens, elle haussait les épaules en levant ses bâtons d’un air excédé. Elle a cédé à contre-cœur la 2e étoile à 2 d’entre eux et a recalé les 7 autres. Je suis restée après que les enfants soient partis et j’ai vidé mon sac sans agressivité mais avec un regard de Léon nettoyeur qui aurait bu du vitriol. J’ai expliqué que nous étions un ski club, avec pour vocation de faire progresser les enfants mais pas nécessairement d’en faire des champions de ski et que le leitmotiv devait rester le plaisir. Je n’ai rien dit sur son absence de pédagogie car elle était irrécupérable, c’était sans espoir. Elle m’a répondu « c’est bien ça le problème les ski-club » Une petite guéguerre stérile. Les moniteurs de l’ESF sont payés contrairement aux moniteurs fédéraux qui sont bénévoles.  Pour encadrer à l’ESF, il faut obtenir le BE de ski qui demande un très bon niveau technique et 1 an de préparation alors que la formation MF1 ou MF2 dure 6 jours. Bref ESF et ski club ne jouent incontestablement pas dans la même catégorie. Un moniteur ESF est un professionnel rémunéré parfois très pédagogue, mais pas toujours ;  un moniteur fédéral est un bénévole plus ou moins bon techniquement, plus ou moins pédagogue mais qui à priori a une petite dose de patience et d’empathie pour passer des journées entières à encadrer des enfants sur son temps libre. Si nous n’avions pas emmené les enfants à Auron en bus le mercredi (journée sans cours à l’époque), ils ne seraient pas allés skier tous seuls en stop donc nous ne volions pas de clientèle à l’EFS avec nos sorties du mercredi.

Bref les 7 recalés pleuraient pendant le voyage du retour et nous avons distribué des bonbons et beaucoup de réconfort. Aurélien m’a dit d’un air très inquiet « mais Katia, c’est vrai que je suis nul en ski » ? Aujourd’hui il a 18 ans et descend les pistes comme un bolide à ski ou à snow. Bref ça nous a pris tout le trajet du retour pour rebooster notre petit monde que Cruella avait anéanti en 2h….Les années suivantes, nous avons « dealé » avec l’EFS et avons payé quelques heures de cours avec leurs moniteurs avant le passage des étoiles, en expliquant un poil faux cul que « oui nous pensons que votre enseignement les aidera à avoir le niveau requis » et bam, ça a couté quelques deniers au club mais le taux de réussite aux étoiles est monté en flêche 🙂

 

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