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Rêve de Raid

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 Prologue

Tout est parti de Mumu, à l’aube de ses 50 ans qui nous dit un jour dans les vestiaires qu’elle risquait de se terrer pendant une semaine pour passer le cap.

Cécile venait d’avoir 40 ans et de mon côté, j’appréhendais le nid vide qui se profilait quelques mois plus tard.

L’idée de faire un Raid à 3 a germé. Amazones d’abord, puis Alizés, plus abordable et plus root.

Nous n’avons pas eu besoin de chercher une association. J’avais rejoint Laurette Fugain en 2005 et je courais déjà en violet depuis plusieurs années.

Les sponsors ne se bousculant pas au portillon, nous avons organisé des événements et partagé des cagnottes en ligne.

L’entrainement Trail, nous l’avions, l’entrainement VTT et Kayac pas vraiment.

En aout 2017, nous avons pu nous inscrire au Raid des Alizés après 2 ans de projet « 50 Nuances de Violet », un compte, une association, un site, une page FB, un vide-grenier, 2 concerts, une soirée Carnaval, une soirée Disco, un événement slackline, un tournoi de foot, des centaines de hot-dogs vendus !!

Un projet chronophage… mais riche en rencontres et en expériences nouvelles

#supermum#sportive#jemelancedanslevenementiel#peurenvtt#yapasdekayacpour3

#nepasnegligerlesmaris#revederaid#laurettefugain#50nuancesdeviolet#mrgrey

#mercileszamis

 

1 mois avant

1 mois avant le Raid, toutes les futures participantes sont invitées à rejoindre la Page FB Inside du Raid.

Belle montée en puissance de l’excitation grâce à Steve Kundo, l’ambianceur et Christophe Assailly, le directeur technique, ancien parachustiste et traileur de haut niveau qui distillent des informations et répondent (ou pas) aux 12000 questions des filles :

  • Chaussures de randonnée hautes absolument ? Pourquoi ?
  • Boussole obligatoire ?
  • Quels types de ravitos ?
  • Prises pour recharger les téléphones et les montres ?
  • Sêche-cheveux ? lol
  • Bivouac itinérant ?
  • Matériel fourni pour réparer les VTT ?

Les filles se dévoilent au fur et à mesure et exorcisent leurs angoisses … jamais changé de chambre à air, peur des moustiques et des puces des sables, peur de ne pas tout faire rentrer dans le gros sac rose qui nous a été envoyé par la poste, inquiétude quant au réveil matinal prévu à 5h ….

Nous choisissons toutes une musique qui sera notre musique d’équipe, Figure it Out de Royal Blood pour 50 Nuances de Violet, équipe 58.

Le compte à rebours est lancé.

Deux futures participantes se blessent à une semaine du départ et pour la première fois de ma vie, je me mets en mode ‘veille’. Ce serait vraiment trop con de ne pas pouvoir partir après tous les efforts fournis. Je regarde mes pieds dans les escaliers, je n’écris plus de SMS en marchant, je fais mon dernier footing sur la route pour ne pas me prendre les pieds dans des racines. Au karaté je me mets hors distance pour éviter de me casser le nez, les dents ou de me retourner les doigts comme en 2015.

J’ai hâte d’y être et d’en découdre !!!

 

Nice-Paris-Fort de France

Lundi 13 novembre

Les sacs sont prêts – je refais le mien à 6h du matin parce qu’il est trop plein et que je risque de galérer pour tout faire rentrer quand tout sera en boule, sale et mouillé…

Après avoir tout vidé dans le couloir, j’enlève … un tee-shirt ! 100g de moins dans le sac – magnifique… Tout le reste c’est du matériel obligatoire : duvet, matelas gonflable, chaussures de randos, 2 paires de chaussures de trail, frontale, camel back, trousse à pharmacie, trousse de toilette, vêtements courts et longs (à cause des moustiques), tenue blanche pour la soirée de clôture, serviettes de toilette, aspic venin…du chocolat milka aux noisettes pour les coups de mou.

La journée de boulot défile comme dans un rêve. Nous prenons un verre à l’aéroport de Nice en attendant la navette. Petit diner à l’Ibis d’Orly sud et première nuit à 3. Nous debriefons sur nos petites manies ; Mumu est de mauvaise humeur au réveil, Cécile hyper matinale, moi plutôt tactile ( !) On convient de se faire un bisou chaque matin et on s’endort comme des bébés.

Nous avons RV à 10h au comptoir de Corsair. Des hordes de filles sont déjà là avec leurs sacs roses. Certaines ont fait floquer des sweats, des tee-shirts. Nous avons sorti les tee-shirts violets pour cette entrée dans l’arène. Des photographes et des cameramen nous suivent. Le début de la gloire ? Sur télé martinique peut-être…

170 alizés dans l’avion, l’ambiance est joyeuse. Nous regardons le 52mn de l’édition 2016. De la boue, de la sueur, des larmes….arghh….trop tard pour reculer !

L’arrivée à Fort De France est riche en sons et en couleurs – 30m de percussions pour nous accueillir et une foule en liesse. Un cocktail d’accueil (1er planteur !), des discours, puis l’arrivée au bivouac après un trajet en bus climatisé (20 degrés dans le bus – 35 dehors). 23h pour nous mais seulement 18h heure locale. Il fait déjà nuit quand nous descendons nos sacs vers les tentes. Et là, surprise, ça fait floc floc… le terrain est inondé … de boue. En quelques secondes, je pourris mon sac, mon jean, mes bottines jusqu’aux chevilles….. Rrrah, mon seul jean et mes seules chaussures civiles que je réservais pour la journée de Paris au retour…

On cale les sacs tant bien que mal sous le haut-vent de la tente, à genoux dans la boue. Le ton est donné. Nous allons faire un Raid et bivouaquer. Nous ne sommes pas des Barbie girls comme pouvaient le laisser supposer les sacs roses…

Nous assistons au 1er briefing assises par terre, fatiguées mais impatientes d’entrer dans l’action.

½ h de queue pour la douche, ¼ pour les douches communes, pas d’hésitation, nous nous ‘désapons’ collectivement pour gagner 15mn

Dans la tente il fait mega chaud, le duvet restera dans le sac pendant tout le séjour. Nous nous endormons malgré tout très vite. Demain le réveil est prévu à 5h….

J 1 – Acclimation

Mercredi 15 novembre

4h30 – Il fait encore nuit mais nous sommes toutes les 3 réveillées. Cécile est allée prendre une douche à 4h. On entend chuchoter puis parler dans les tentes à côté. On a entendu ronfler d’autres équipes que la 58 cette nuit ! L’avantage de se réveiller progressivement c’est que le choc est moins brutal quand Steve l’ambianceur balance la musique de Mission Impossible à fond les manettes à 5h du mat

Nous avons 2h pour nous préparer. Ca semble large mais avec l’inertie de groupe il faut bien ça. 222 nénettes  + toutes les personnes de l’orga qui passent aux sanisettes, c’est déjà tout un programme, d’autant que ce premier matin, on constate que beaucoup n’ont pas compris le principe de la pompe pour envoyer l’eau et le produit bleu. Du coup c’est bof … mais on finit par trouver une sanisette propre avec du papier – le luxe !

Le petit dej est sous forme de buffet – sympa et complet – il faut juste se battre pour le café car il y a une machine à Expresso – les jours suivants, ils mettront des thermos en quantité suffisante. On retourne dans notre bouillasse vers la tente pour se changer : pantalon de rando , tee-shirt Alizé (il est beau mais il a l’air chaud !), chèche rose et blanc, camel back, chaussures de rando montantes, sac de change pour ne pas pourrir le bus après l’épreuve, 3 auto-collants par filles  avec le numéro d’équipe et 6 avec nos sponsors- on les fixe avec des épingles à nourrice. On récupère des recharges nomades mais pas possible de recharger téléphone et montre Garmin avec une seule recharge. Je sacrifie la montre vu que cette journée est supposée être de l’acclimatation.

Dans l’équipe Despacito, ex athlètes de haut niveau en hand, basket et gym, 2 filles ont coupé les manches du tee-shirt Alizé. Une fille de l’orga leur dit que ce n’est pas une bonne idée pour la photo officielle mais tout le monde les envie car elles ont l’air bien à l’aise avec leurs échancrures !

On jette les sac roses de change dans un camion et on monte dans les bus.

Notre terrain de jeu pour cette acclimatation sera la base du GIGN, que nous rallions après avoir fait 2.5km de kayac. Au programme 2 épreuves :

  • un parcours aquatique avec des obstacles à escalader, des rouleaux sur lesquels il faut courir, une poutre, un mini rappel et une planche inclinée qu’il faut descendre le buste en avant sous peine de chute sur les fesses
  • un parcours chronométré dans la Mangrove en binôme. Nous nous rapprochons naturellement des Lianes avec lesquelles nous avons sympathisé dans l’avion.

Les départs sont donnés toutes les 3mn. C’est parti pour nous ! Petit footing aussi léger que possible avec les chaussures de rando et très vite nous arrivons dans une eau grisâtre qui pue atrocement. Des énormes bestioles courent sur le bord : on dirait des cafards géants. Allez, zou, il faut y aller. La progression dans l’eau est ralentie par la boue qui nous colle les pieds. J’essaie de rester sur l’avant du pied. C’est mieux. Nous franchissons une échelle de corde. Bonne entente avec les Lianes. et ambiance joyeuse. Nous rattrapons 2 équipes bloquées par une de leur co-équipière qui n’arrive pas à se hisser jusqu’à un boyau dans lequel il faut se laisser glisser. Christophe Assailly nous propose de doubler par le côté mais c’est inextricable à cause des lianes et du bois enchevêtrés. Nous décidons d’aider la fille plutôt et hop, on la pousse dans le boyau tant bien que mal. Arrive le dernier passage un peu critique. Des filles nous ont prévenues que c’était vain d’essayer de marcher. Nous rampons littéralement dans la boue en essayant de ne pas ouvrir la bouche et c’est déjà la fin. Footing collectif à 6. Nous nous tapons dans les mains et nous dirigeons vers le parcours aquatique.

L’heure du déjeuner est libre – sous forme de buffet. Nous décidons de patauger d’abord ! Je discute un peu avec Christophe Pinna le directeur sportif de l’épreuve. Champion du monde de karaté, 6e Dan et originaire du 06 ! Il se révèle très abordable et très impliqué dans sa mission de coach. Il nous explique qu’il faut vraiment rentrer dans ces parcours pour mieux vivre la suite du Raid. Sur la planche inclinée, certaines filles hésitent à se jeter et descendent directement sur les fesses. D’autres tombent et perdent l’équilibre. C’est assez impressionnant vu de loin. Christophe nous incite à essayer le buste bien en avant, pour être bien préparées aux descentes de trail qui nous attendent les jours suivants.

Il fait super chaud . Nous prenons nos premiers coups de soleil (Mumu finira le visage brûlé au 2e degré à la fin du séjour). L’attente est longue. J’hésite car j’ai très envie d’essayer mais je me suis cassée 2 fois le coccys et j’ai peur de me ratatiner. Dilemme. Au fond de moi je sais que je vais tenter pour ne pas regretter. C’est la première épreuve du parcours aquatique. Nous sautons dans l’eau avec les Lianes, en tenue de rando, chaussures comprises et j’adore ce moment où je nage cote à côte avec Aurore, suivie des 4 autres filles. L’eau est bonne. C’est fun tout ça ! Mumu descend la planche en courant. Je pense me pencher en avant mais très vite je tombe sur les fesses, sur la fesse droite plus exactement donc je m’en tirerai avec un bon bleu mais le coccys est sauvé. Cécile descend en mode toboggan. Les autres obstacles sont plus cools sauf le dernier qui est une sorte de toit pentu qu’il faut escalader en se tenant à une corde, en mode rappel. C’est très glissant. Cécile essaie plusieurs fois et s’explose les tibias contre une barre métallique. Là c’est moi qui décide de lâcher l’affaire. C’est trop glissant et on termine en nageant tranquilou. On se change vite fait avant d’aller manger. Sauf que le retour se fait en kayac et qu’il va falloir se rechanger. Pas grave. Une 1ère journée plutôt fun mais quand même assez fatigante. Les choses sérieuses commencent demain ! Il va falloir mettre 4 fois plus d’écran total et bien dormir cette nuit… Douche intensive pour enlever les reliquats de Mangrove.

Briefing de 1h30 assises par terre – Des conseils, des encouragements, des photos marrantes de la journée. On ne sait plus quelle position adopter- on n’en pleut plus d’être par terre. Repas rapide et zou au dodo !! On n’a pas pensé à se faire des bisous. J’espère que demain on ne sera pas ridic….. Coma profond

 

J 2 – Trail-VTT-Kayac

Jeudi 16 novembre

J’ai oublié de prendre ma pilule hier soir ! Il est 4h30 du matin. L’oiseau Cécile s’ est déjà envolé de la tente. Du coup je prends sa place du milieu pour farfouiller à 4 pattes dans mon sac plein de boue que j’ai laissé sous le haut-vent.  Muriel dort toujours. Tétris pour essayer de retrouver ma Lee-Loo au milieu des 12 trousses et sachets plastiques par thème qui devaient me faciliter la vie mais dans lesquels je ne retrouve jamais rien ! Pas le moment de déconner, j’ai enchainé exprès 2 plaquettes pour ne pas être embêtée… C’est bon je l’ai ! Je l’avale sans eau et je laisse la plaquette sur mon matelas pour y penser ce soir. Aujourd’hui c’est la 1ère épreuve chronométrée mais je n’ai curieusement pas d’appréhension. Ils nous ont détaillé le programme au briefing hier soir : Trail, VTT, Trail et Kayac, pour un total de 23km. Je m’extirpe de la tente à la recherche de mes bottines de ville pleines de boue que j’ai laissées dehors et que j’enfile pieds nus avec un short et un tee-shirt – en mode woodstock ! Nous sommes en contre-bas du terrain, dans la partie la plus boueuse et hier, l’orga nous a disposé des cartons devant les tentes pour éponger un peu,  sur lesquels ils ont écrit «  rue de la paix » , «  rue du paradis »  ils ont de l’humour les bougres ! Les cartons sont déjà en miettes alors nous partons chercher des sacs poubelle en guise de paillasson… Je cherche la confiture au petit dej mais il n’y en a pas. Cécile aimerait du vrai pain qui tienne au corps mais il n’y a qu’une sorte de pain viennois – “qu’on leur donne de la brioche à ces gueux”, pardon ces Alizés (!)

C’est l’heure de préparer les sacs et de s’équiper. Nous avons depuis le 1er jour un bracelet avec un QR code au poignet (pour nous retrouver et télécharger notre fiche médicale en cas de pépin), le bracelet des alizés, une casquette que nous ne mettons pas même si elle est plutôt sympa car ça nous chauffe la tête, et toutes le même tee-shirt. Aujourd’hui, nous l’avons tailladé à coup de ciseaux avec Cécile pour virer les manches. Comme les ex-athlètes, ah ah !! J’hérite du chrono d’équipe qui s’enfile sur un doigt (le majeur puisqu’il est grand… le chrono) Je  devrai l’ initialiser auprès d’un couple de militaires (oups) et le faire biper à différents endroits du parcours.

On se brosse les dents vite fait mais c’est le seul ‘luxe’ en plus de la douche du soir. Exit le maquillage, les crèmes et tout le toutim. Steve l’ambianceur nous envoie du gros son depuis 5h du mat et nous rappelle qu’on n’est pas en vacances alors go go go, direction les bus.

Ca va démarrer et nous nous positionnons sans jouer des coudes, assez loin de l’arche du départ. On a 23km à parcourir donc pas la peine de se griller sur les premiers mètres.

C’est parti !!! 1.2 km de trail avec 200m de D+, et déjà on doit enchainer le VTT. Nous avons terminé 49e hier de l’épreuve de la Mangrove et les VTT sont jetés par équipe par terre,  par ordre d’arrivée donc un peu de pagaille avant  que chaque équipe retrouve son engin, d’autant que nous cru 2mn, que nous devions prendre les VTT numéro 49, mais en fait non, vu que notre équipe est la 58, bref….  On règle les casques et les selles et pfiou….ça monte de folie – tout le monde se met à pousser les vélos. Il fait une chaleur d’enfer et j’encourage une fille à la mine violacée qui me dit qu’elle a du mal à respirer. Je me prends les pédales dans les tibias. On pousse, on sue, ça grimpe. Puis on re-pédale. Je fais biper le chrono et on nous explique qu’il y a une portion neutralisée, qui ne comptera pas dans le temps total. Une descente sur la route, au milieu des voitures avec 20% de pente. Je freine trop et ma roue arrière chasse. Je préférais descendre dans la boue ! Fin de la portion neutralisée – Je rebipe et on enchaine 5km de trail. Quand nous arrivons sur la plage, je suis sidérée par le paysage. Je me sens l’âme de Bambi, je vole, je souris béatement. je ne sens même plus le poids de mes chaussures gorgées d’eau à force de courir sur le sable mouillé et dans la mer. . Cécile a un coup de mou car elle pensait qu’on enchainait le kayac  après la portion sur la plage mais Mumu lui montre le Morne Larcher qu’on doit grimper jusqu’ à Petite Anse avant de redescendre de l’autre côté. 400m de  D+  qui vont nous prendre assez longtemps. Cécile grimpe fort comme à son habitude mais Mumu a du mal à suivre. Cécile nous crie qu’elle monte à son rythme et nous attend plus loin. Je me situe entre les 2 à ce moment niveau cardio donc je décide de rester avec Mumu. On boit, on respire, on fait des pauses  et on attaque les rochers. L’équipe des ex- athlètes nous double. La 3e pousse la handballeuse qui semble au bout de sa vie. On les suit et la hanballeuse vacille et manque de tomber à la renverse. A 50m du sommet, elle s’écroule, les lèvres blanches et le teint cireux. Elle est consciente mais vraiment pas fraiche. On part chercher des secours mais sur la plateforme en haut, il n’y a que 2 filles qui nous disent « ah mais nous on est la Presse, il n’y a pas d’assistance ici » Elles préviennent quand même les secours qui mettront 2h30 à arriver et 4h30 à redescendre la fille en barquette. Il n’y a qu’un seul hélico en Martinique et il est réservé aux urgences vitales. Nous abordons la descente prudemment car c’est bien pentu et complètement à l’ombre donc hyper glissant. Quelques équipes nous doublent, plus à l’aise que nous  en descente. Une autre fille se déboitera le genou sur cette partie, pressée par ses ‘copines’ lui reprochant de ne pas descendre assez vite…

La plage enfin ! Il reste pas mal de bateaux c’est bon signe. Christophe Pinna nous encourage ! « C’est super les filles » . Il nous fait une petite accolade et ça nous rebooste –bon c’est vrai qu’il est torse nu et plutôt pas mal, mais trêve de plaisanterie, on est des machines de guerre et il nous reste l’épreuve de canoe !

Des jeunes nous aident à nous mettre à l’eau mais la mer est houleuse et le bateau se remplit. Nous le vidons plusieurs fois. Ma montre Garmin ne s’en remettra pas et vivra sa dernière journée à Morne Larcher… Après quelques minutes d’agitation, nous voilà enfin sur l’eau. 6km nous séparent de l’arrivée. La consigne est de passer entre les bouées jaunes et la côte. Nous sommes passablement fatiguées et comme hier, avons tendance à dévier vers la gauche – 3 droitières… Compenser en pagayant + fort à gauche nous explose le bras gauche. Comme je suis derrière, je décide donc plutôt  de barrer en dénageant, même si ça fait perdre un peu de vitesse. Cécile a mal aux trapèzes mais rame énergiquement. Mumu est un peu gênée au milieu d’autant que je lui donne un ou 2 coups de pagaie sur la tête par inadvertance. Nous avons les bras en feu alors je crie à Mumu qui crie à son tour à Cécile d’utiliser les obliques, le dos, les jambes. Cécile s’arrête quelques secondes. Mumu a la gerbe alors elle décide de continuer à ramer pour ne pas vomir et nous fait bien rire. Nous décidons d’adopter une cadence pas trop rapide en essayant de bien glisser et surtout d’aller droit et parvenons à doubler 4 bateaux. Incroyable !! Il y a du courant et c’est dur mais c’est le dernier effort de la journée alors on serre les dents. La vue de l’arrivée nous motive sur la fin. Il faut encore sortir le bateau de l’eau, enlever le chasuble Alizés et le gilet de sauvetage et courir sur la plage. Quand nous passons sous l’Arche, Steve envoie notre musique d’équipe et c’est très fort !!! 24e !

Joie – soulagement – maillot de bain – plouf – buffet – béatitude !

On n’a pas été ridicules… du tout,  et on a géré  ces 4h30 d’effort ensemble, plutôt dans la bonne humeur. C’est trop cool !!!!

 

                       

 

J 3 – Trail – Montagne pelée

Vendredi 17 novembre

Au menu aujourd’hui , un trail de 22km avec l’ascension de la Montagne pelée qui culmine à + de 1397m.

Après 2h de bus – nous sommes passées du Sud au Nord de l’Ile à l’heure des bouchons- , nous sommes sur la ligne de départ.  Il est 9h du matin – nous avons toutes fait une pause technique nimporte où, entre 2 voitures, devant des maisons, bref nous sommes prêtes.

La consigne était de prévoir un sac de rechange avec des vêtements chauds et k-way rose du Raid obligatoire dans le Camel Back. La montagne pelée ne voit le soleil que 10 jours par an. Sauf que là, il fait 37 degrés et il faut choisir entre se positionner pas trop mal sur le départ , c’est-à-dire en plein soleil ou se caler à l’ombre en attendant le GO. Christophe Pinna entame un long discours dont il a le secret. Hier soir au diner qu’il a partagé avec nous, c’était magique. Là, on a juste envie qu’il abrège car la chaleur est vraiment forte.  La barrière horaire nous a semblé raisonnable et nous savons que le trail est notre point fort donc nous aimerions ne pas faire de contre performance ce matin. Dernier discours d’un élu local qui nous recommande de marcher autant que possible au début et c’est parti!

Ca grimpe fort d’entrée de jeu. Cécile est en forme et commence à doubler gentiment. C’est un single track. Premier malaise d’une fille blonde au 3e km. Ca promet… Nous râlons un peu avec Mumu car doubler c’est bien mais quand le dénivelé est trop fort, ça fait bien monter le cardio. Nous prenons le temps de faire quelques photos car le paysage est magnifique. Impossible de courir mais nous essayons de garder un bon rythme en buvant régulièrement. Christophe Pinna nous rattrape et nous double. Nous levons la tête. Fichtre, mieux vaut regarder devant car la pente est un peu décourageante. Pierre un des 2 photographes nous cueille en plein effort et s’étonne de notre fraicheur. Les premières sont apparemment parties trop vite.  N’empêche qu’elles sont devant! Premier ravito. Nous faisons une photo avec Steve, notre ambianceur-comme-jamais qui a toujours le sourire. Il est surpris que nous prenions le temps. Ce sera une de nos plus belles photos souvenir ! Nous remplissons les Camel Back presque vides, buvons et nous arrosons mais les bénévoles nous calment vite. Ils risquent de manquer d’eau pour les suivantes. Pas cool car le prochain ravito est assez loin. Nous repartons le cœur léger mais Cécile est vite plombée par la banane qu’elle a engloutie trop vite. Enfin nous atteignons le sommet complètement dégagé – superbe avec une vue de malade. Il fait 10 degrés de plus qu’en temps normal. On attaque la descente, assez technique sur laquelle nous ne sommes pas vraiment rapides. Denier ravito. On recharge en eau mais on ne s’attarde pas. La suite est une descente roulante. Cool ! Cécile a les jambes en bois car elle a crispé sur la partie technique. On ralentit un peu et on se fait doubler par une équipe à fond les ballons. On les rattrape 1km + loin et on reconnait la blonde qui avait fait un malaise au début. Elle est pliée en 2 et ses co-équipières la pourrissent littéralement. «  arrache toi, tu peux le faire, allez!» La blonde est en larmes. Ambiance… Nous continuons sur notre rythme de sénateur et nous attaquons la jungle. Une corde est censée nous aider à parcourir cette portion et même si j’ai bien aimé l’esprit Commando Warrior de la journée acclimatation, là j’en chie en peu avec les muscles qui tétanisent. Il reste environ 7km. On relance. Plus beaucoup de jus mais on ne réfléchit pas trop et on ne parle plus. On croise Christophe Assailly qui nous annonce «  plus que 2km! » A mon tour d’avoir un coup de mou. Je demande à Cécile de calmer un peu car elle a repris du poil de la bête mais moi pas. On avance comme des métronomes. Ce saligaud de Christophe nous a menti. Ni on ne voit ni on entend l’arrivée. Il restait en fait 3.5km. Hâte d’y être. On franchit la ligne bien rincées. 4h33.

18e ! Mission accomplie!!

On s’affale dans l’herbe, complètement crado – cette fois on est loin de la plage sur un terrain plat en plein soleil. On doit avoisiner les 40 degrés. Du jamais vu à cette période. Une fille fait un malaise à côté de nous et tente de vomir sans succès. Nous sommes bouffées par les moucherons.  Même pas très faim mais nous allons quand même prendre un peu de nourriture sous un barnum surchauffé. Recup dans l’herbe avec les moucherons. Cécile et moi cherchons l’ombre, Mumu fait le lézard en plein cagnard. On va encourager les équipes qui arrivent, de plus en plus fatiguées, avec à chaque fois la musique d’équipe qui met du baume au cœur.

Les 1ères ont terminé en 3h45, les dernières en 7h25. 6 équipes n’ont pas passé la barrière horaire et prennent 4h de pénalité.

Mission du jour accomplie pour 50 nuances de violet !

                                                         

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